Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/307

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ou potentielle (spécialement sur la loi de l’adaptation individuelle) ne peuvent être perçues directement ni sensoriellement par les moyens de connaissance extrêmement grossiers de l’homme, mais elles peuvent être reconnues comme les causes premières de la différence de tous les individus, grâce à des conclusions indirectes bien établies » (78).

Toutefois les différences chimiques sont des différences essentielles ; nous avons donc sous les yeux, dans les œufs qui se ressemblent, des choses très-différentes d’après leur essence, bien que leurs formes extérieures se ressemblent, évidemment par l’effet d’une loi générale, mais encore inconnue. Pourtant nous ne savons pas si les différences de structure ne jouent pas aussi un rôle dans cette question. Que voulons-nous dire, en effet, quand nous parlons de l’absence de structure dans le protoplasme ? Tout simplement qu’avec nos moyens imparfaits d’observation nous n’y pouvons discerner aucune structure. Tant que l’on n’aura pas expliqué mécaniquement les phénomènes du mouvement du protoplasme, la question de sa structure restera pendante (79). En dernière analyse d’ailleurs la constitution chimique des molécules n’est-elle pas aussi une structure ?

Que l’on se figure des pierres toutes taillées, les unes pour une cathédrale gothique, les autres pour une église romane, disposées en deux tas de formes semblables et de dimensions les plus strictes, de telle sorte que tous les interstices aient été utilisés et que les deux masses se ressemblent parfaitement à l’extérieur. Il est très-facile de s’imaginer qu’à une certaine distance ces tas de matériaux paraîtront en quelque sorte identiques. Si les pierres sont séparées les unes des autres et exactement assemblées, il ne pourra résulter de l’un des tas qu’une cathédrale gothique, de l’autre qu’une église romane.

Cela posé, il faut déduire les conséquences, ou reconnaître que les relations chimiques ont leur règle et, pour ainsi