Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/353

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désespoir, dans les théories, depuis longtemps réfutées par les faits, d’une localisation de l’activité du cerveau, suivant les différentes fonctions de l’intelligence et du cœur. Nous nous sommes prononcé à plusieurs reprises contre le préjugé qui regarde le simple maintien de conceptions surannées comme une entrave aussi forte à la science qu’on l’admet ordinairement ; mais ici l’on dirait en venté que le fantôme de l’âme, apparaissant sur les ruines de la scolastique, embrouille constamment toutela question. Nous pourrions aisément prouver que ce fantôme, s’il nous est permis de désigner ainsi les derniers échos des vieilles doctrines de la psychologie scolastique, joue encore un grand rôle chez les hommes, qui s’en croient complètement débarrassés, chez nos chefs du matérialisme ; bien plus, toute leur conception de l’activité du cerveau est entièrement dominée par les idées vulgaires que l’on avait jadis sur les facultés imaginaires de l’âme. Nous croyons pourtant que ces idées, s’il surgit seulement une conception positive et raisonnable de ce que l’on doit réettement attendre des fonctions du cerveau, disparaîtront avec une rapidité égale à la ténacité avec laquelle elles se maintiennent, présentement.

Nous ne pouvons nous empêcher ici de parler, avant tout, de la forme la plus grossière de ces théories de localisation, savoir de la phrénologie. Elle est non-seulement un point nécessaire pour nos considérations historiques, mais en même temps, à cause de ses développements clairs et précis, une occasion favorable pour élucider les principes critiques qui acquerront dans la suite une large application.

Lorsque Gall posa sa théorie de la composition du cerveau, formé d’une série d’organes distincts pour des facultés de l’âme distinctes, il partit de l’idée parfaitement juste que les facultés primitives de l’âme ordinairement admises, telles que l’attention, le jugement, la volonté, la mémoire, etc., sont de simples abstractions, qu’elles classent différents modes d’activité du cerveau, sans d’ailleurs avoir l’impor-