Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/355

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logiens et les philosophes. Toutefois le terrain où elle s’élève est mal choisi, en ce qu’il admet très-bien l’emploi de toutes les précautions des sciences exactes, et que néanmoins il continue à être cultivé sans que l’on tienne le moindre compte des exigences de la méthode scientifique ; c’est encore un point qu’elle a de commun avec l’homœopathie.

Les phrénologues actuels défendent habituellement leurs opinions en attaquant avec violence les objections, trop souvent lancées à la légère contre leur prétendue science, personne ne voulant étudier sérieusement la question. Par contre, on cherchera vainement un essai quelconque de démonstration positive dans les derniers écrits relatifs à la phrénologie. Gall et Spurzheim produisaient leurs théories à une époque ou les méthodes pour l’étude des questions de ce genre n’étaient pas encore complètement développées, tandis que les phrénologues de nos jours s’agitent dans une polémique stérile, sans tenir le moindre compte des énormes progrès de la science. Encore aujourd’hui est valable ce que Jean Müller disait dans sa Physiologie : « En ce qui concerne le principe, il n’y a en général et a priori pas d’objection à faire contre sa possibilité ; mais l’expérience nous apprend que cette organologie de Gall manque totalement d’une base expérimentale, et l’histoire des lésions de la tête parle même contre l’existence de régions particulières du cerveau pour des activités intellectuelles différentes » (21).

Donnons quelques exemples pour mieux nous faire comprendre. Castle cite, dans sa Phrénologie (22), d’après Spurzheim, plusieurs cas où des individus perdirent une quantité considérable de cervelle, sans qu’il en résultât, assure-t-on, de trouble dans leurs facultés intellectuelles. Il se plaint de ce que, dans tous ces cas, la partie lésée n’est pas nettement indiquée. Si les lésions mentionnées avaient été faites à l’occiput, un phrénologue lui-même pourrait avouer, sans la moindre difficulté, que la faculté de penser pouvait rester intacte ». Ici