Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/402

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courants nerveux et les états de tension de l’acte de la sensation. Ce ne pourrait être ou que l’état subjectif de celui qui éprouve la sensation, pu que la valeur intellectuelle du contenu de la sensation. Naturellement personne n’aura jamais conscience du premier, si ce n’est le sujet lui-même, et les nombreuses discussions provoquées par la célèbre comparaison des urines, de Vogt, ont démontré clairement que l’on ne peut pas considérer la « pensée » comme un produit particulier, à côté des phénomènes matériels, mais que l’état subjectif lui-même de l’individu qui éprouve la sensation est en même temps, pour l’observation externe, un état objectif, un mouvement moléculaire. Cet état objectif doit, d’après la loi de la conservation de la force, être intercalé dans la série causale qui ne présente pas de lacunes. Que l’on nous représente cette série aussi complète que possible Cela doit pouvoir se faire sans égard à l’état subjectif, celui-ci n’étant pas un anneau particulier dans la chaîne des phénomènes organiques, mais seulement pour ainsi dire l’observation d’un de ces phénomènes à un autre point de vue. Il est vrai que nous rencontrons ici une limite du matérialisme, mais seulement si nous voulons le suivre jusqu’au bout avec une logique rigoureuse. Nous pensons effectivement que dans la sensation, en dehors et à côté des phénomènes nerveux précités, il n’y a à peu près rien à chercher ; seulement ces phénomènes eux-mêmes se manifestent encore d’une tout autre manière, savoir celle que l’individu appelle sensation. Il est permis de croire que l’on arrivera un jour à déterminer avec plus de précision la partie des phénomènes physiques qui coïncide, sous le rapport du temps, avec la naissance d’une sensation de l’individu. Ce serait très-intéressant, et l’on ne pourrait certainement rien objecter si l’on désignait alors simplement par « sensation » cette portion déterminée de la circulation des processus nerveux. Quant à une détermination plus précise des rapports du processus subjectif de sensation avec le pro-