Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/415

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compas et que l’on éprouve tantôt une sensation simple et tantôt, une sensation double ? Y a-t-il observation interne quand on dirige son attention sur un cor douloureux ? Lorsqu’on fait passer un courant galvaniques travers la tête et que l’on aperçoit des couleurs subjectives ou que l’on entend des sons subjectifs, à quel domaine appartiennent ces impressions ? A priori on ne vient à bout de rien avec les mots « interne » et « externe » ; car, en général, je ne puis avoir de représentations en dehors de moi, quand même serait vraie la théorie d’après laquelle je transporterais à l’extérieur les objets perçus. Voir et penser sont tout à la fois internes et externes. Si je veux repenser mes pensées, je rappelle dans les organes de la parole les sensations, que nous avons appris à connaître plus haut comme étant, pour ainsi dire, le corps de la pensée. Je les sens extérieurement comme toute autre impression ; quant à l’esprit, au contenu et à l’importance de ce faisceau des sensations les plus fines, il en est de tout cela comme de la valeur esthétique d’un dessin. Cette valeur est inséparable des lignes du dessin, encore qu’elle soit toute autre chose. Or une opposition pareille entre la forme et la matière de la sensation se reproduit toujours à des degrés innombrables, sans que je puisse, à propos d’une classe déterminée de sensations, affirmer tout à coup qu’ici l’interne commence et l’externe finit.

Avec quelle naïveté Fortlage fait de l’homme le champ d’observation de la physiologie, en tant qu’on l’étudie avec le sens externe ; celui de la psychologie, en tant qu’on l’étudié avec le sens interne ! La plupart des philosophes rangeraient dans la psychologie les premières paroles d’un enfant et en concluraient la marche du développement de son esprit ; par contre, ils diraient que c’est de la physiologie, lorsqu’on pique avec une aiguille ou que l’on chatouille des enfants nouveau-nés pour épier les mouvements réflexes dans leur passage au vouloir. Et cependant, pour les deux observations, on emploie les sens ordinaires et, d’après la