Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/450

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de novice, troublé par les idées de la philosophie de la nature. Donnons, en conséquence, le passage décisif sur le redressement des images d’après le Manuel de physiologie (2e vol., 1840) :

« Selon les lois de l’optique, les images des objets se reflètent en sens inverse sur la rétine… On se demande maintenant si l’on voit effectivement les images renversées, telles qu’elles sont, ou si on les voit redressées, comme dans l’objet. Attendu que les images et les parcelles affectées de la rétine sont une seule et même chose, c’est demander physiologiquement si les parcelles de la rétine, dans l’acte de la vision, sont senties dans leur rapport naturel avec le corps.

« Ma conception de la chose, que j’ai déjà développée dans l’écrit sur la physiologie du sens de la vue, est que, dussions-nous voir à l’envers, nous ne pouvons que, par des études d’optique, arriver à la conviction que nous voyons à l’envers et que, si tout est vu à l’envers, l’ordre des objets n’est nullement troublé. Il en est de cela comme de la révolution quotidienne des objets avec la terre entière, révolution que l’on ne constate qu’en observant la position des astres, et pourtant il est certain que, dans l’espace de 24 heures, tel objet, qui se trouvait d’abord en bas, se trouve maintenant en haut par rapport aux astres. Aussi, dans l’acte de la vision, n’y a-t-il pas discordance entre voir renversé et par le tact sentir l’objet redressé ; car tout, même les parties de notre corps, est vu renversé, et cependant tout conserve sa position relative. Même l’image de notre main, qui palpe, se renverse. C’est à peine si l’on remarque l’interversion des côtés opérée dans le miroir, où la main droite occupe la partie gauche de l’image, et, quand nous réglons nos mouvements d’après l’image que reflète le miroir, nos sensations tactiles ne contredisent guère ce que nous voyons, comme par exemple lorsque, d’après l’image que reflète le miroir, nous faisons un nœud à notre cravate, etc. »

Ce développement ne laisse rien à désirer en fait de clarté