Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/469

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cessaire de faire intervenir le concours des lois mathématiques. Il est vrai que la connexion des choses en nous nous force d’admettre une connexion correspondante des choses hors de nous ; mais cette connexion n’a nullement besoin d’être une concordance. Ce que les vibrations du monde calcule des phénomènes sont aux couleurs du monde perçu par la vue immédiate, un ordre de choses complètement insaisissable pour nous pourrait l’être à l’ordre de choses caractérise par le temps et l’espace, et prédominant dans nos perceptions (64).

Le soleil, la lune et les étoiles, avec leurs mouvements réguliers et l’univers entier ne sont pas, selon l’ingénieuse remarque d’Ueberweg, des images réfléchies d’après le dehors,

mais des éléments, et pour ainsi dire des portions de notre intérieur. Quand Ueberweg dit que ce sont des images dans notre cerveau, on ne doit pas oublier que notre cerveau lui-même n’est qu’une image ou l’abstraction d’une image, née en vertu des lois qui régissent notre faculté de représenter. On agit d’une façon très-normale quand, pour simplifier la réflexion scientifique, on s’arrête d’ordinaire à cette image ; toutefois on ne devra jamais oublier que l’on ne possède alors qu’une relation entre les autres représentations et la représentation du cerveau, mais aucun point fixe en dehors de ce domaine subjectif. On ne peut absolument dépasser ce cercle qu’à l’aide de conjectures qui, à leur tour, doivent se soumettre aux régies ordinaires de la logique des probabilités.

Nous comprenons maintenant la grande différence qui existe entre un objet vu immédiatement et un objet conçu d’après les théories de la physique ; nous voyons déjà sur le terrain étroit dans lequel un phénomène peut en corriger et compléter un autre, à quels énormes changements l’objet est soumis, quand, avec ses effets, il passe d’un milieu dans un autre ; ne devons-nous pas en inférer que le passage des effets d’une chose en soi dans le milieu de notre être se relie