Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/527

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme devoir la pensée individuelle, en fait de religion, on est tenu d’examiner avec soin tout ce qui est traditionnel, même ce qui d’abord ne nous choquait pas, pour savoir si cela repose ou non sur le principe de l’éternelle vérité. » Mais quel est ce principe de l’éternelle vérité, sur lequel doit reposer la religion des communautés libres ? C’est la science elle-même, et d’abord la science de la nature. Uhlich appelle la religion la science des sciences » ; il rejette toutes les propositions qui ne reposent que sur la vraisemblance ou sur le pressentiment, comme par exemple l’hypothèse d’une âme de l’univers consciente il dit que la vérité est « le reflet, dans l’âme humaine, de la réalité, du monde réel avec ses choses, forces, lois et événements. » Ce qui est placé au delà des limites des recherches ne doit pas appartenir non plus à la religion. En outre la religion est pour lui, au point de vue moral, « la reconnaissance du rapport de l’humanité à un ordre éternel ou, si l’on aime mieux, à une puissance sainte à laquelle elle doit se soumettre. » La seule chose dont le besoin se fasse sentir » est la formation d’un domaine du vrai, du bien et du beau. Il faut donc bien que le fondement de toute la doctrine se trouve au point de réunion de la partie morale et de la partie intellectuelle, dans le principe, par lequel la connaissance rigoureusement scientifique parvient à l’action morale. Or ce principe est l’unité du vrai, du bien et du beau. Avec la vérité, par l’effet de ce principe, on obtient aussi une humanité plus complète et plus noble, et vice versa ; et toutes deux réunies conduisent à la beauté suprême, à la joie et à la félicité les plus pures. Ici nous avons donc, dans toute l’acception du mot, un dogme qui non-seulement n’est pas démontré, mais qui même, examiné avec soin, n’est pas exact ; toutefois, maintenu comme idée, il peut, de même que toute idée religieuse, édifier l’homme et l’élever au-dessus des limites du monde des sens. La vérité — dans le sens de la réalité, — non-seulement ne coïncide pas avec la