Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/549

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Ueberweg fut, pour ainsi dire, naturellement prédestiné au matérialisme par une antipathie prononcée contre Kant (23), laquelle le dirigea, dès le commencement, dans le développement de ses propres idées. Disciple de Beneke, qui se rattachait aux philosophes anglais et qui faisait de la psychologie la science fondamentale, Ueberweg, encore étudiant, représentait déjà, comparativement à son maître, l’évolution naturaliste de cette psychologie. Mais il subissait en même temps la puissante influence de l’aristotélicien Trendelenburg c’étaient donc aussi essentiellement des éléments de la philosophie d’Aristote qui le séparaient du matérialisme et qu’il lui fallut vaincre peu à peu pour arriver à transformer son mode de penser. Nous pouvons distinguer trois degrés dans ce mouvement : dans le premier, le principe téléologique conserve chez Ueberweg encore toute sa force ; dans le deuxième, il est en lutte avec son naturalisme ; enfin, dans le troisième, ce principe est complètement détruit.

Au premier degré, Ueberweg était encore loin du matérialisme, comme nous l’apprend une rapide esquisse que nous donne de la métaphysique, telle qu’Ueberweg l’entendait, le docteur Lasson, son ami intime et son actif correspondant (24), à l’époque (1855) où Ueberweg écrivait sa Logique : « Elle devait contenir une ontologie, une théologie et une cosmologie rationnelles. L’introduction devait former une phénoménologie avec renvois à la logique. L’ontologie considère les formes données empiriquement, à partir de la plus abstraite ; elle en étudie la réalité et l’importance. Elle se divise en théories de l’être en général (temps, espace, force et substance, analogues à la perception) ; de l’être en soi (individu, espèce, essence et phénomène, analogues à l’intuition et au concept) ; et de l’être composé (relation, causalité, fin, analogues au jugement, au raisonnement, au système). Ensuite la théologie (théologie rationnelle générale) examine, en s’appuyant sur ces discussions ontologiques, les preuves de l’existence de Dieu et en même temps