Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/551

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si elles ne sont pas, à vrai dire, identiques avec, les phénomènes, leur ressemblent beaucoup néanmoins. L’image de la chambre obscure conduit ensuite à l’hypothèse précitée d’un monde original, comparativement gigantesque et peut-être renversé, qui se reflète dans les images concordantes que les individus se font de l’univers. Si l’âme, en tant que « chose en soi », est matérielle, on doit supposer que les choses en soi le sont généralement. Nous avons donc aussi un corps matériel avec un cerveau matériel et, dans une petite portion quelconque de ce cerveau, se trouve l’espace, où se forment nos représentations et qui, par conséquent, comme substance simple, dépourvue de structure, embrasse le monde des choses qui nous apparaissent (26).

Nous avons déjà dit qu’Ueberweg croyait pouvoir démontrer, avec une rigueur mathématique, que le monde des choses en soi doit occuper de l’espace et avoir, comme notre monde des phénomènes, trois dimensions. Il nous reste à exposer ses idées sur la matière et sur les rapports qu’elle a avec la conscience.

Ueberweg n’admettait pas les atomes, mais une implétion continuelle de l’espace par la matière, et il attribuait à cette matière, dans toutes ses parties, la propriété d’être d’abord mise en mouvement par des forces mécaniques, puis d’acquérir des « états internes », qui sont provoqués par les mouvements mécaniques, mais peuvent aussi réagir sur eux. Les états internes de notre matière cérébrale sont nos représentations il se figurait la « représentation » des organismes inférieurs et de la matière inorganique dans une relation, avec notre conscience, pareille à peu près à celle des monades inférieures de Leibnitz avec les monades supérieures ; seulement la représentation rêvante, ou moins que rêvante, de la matière inorganique ne lui semblait peut-être pas, comme à Leibnitz, une représentation imparfaite de l’univers, mais quelque chose de simple et d’élémentaire une simple sensation ou un faible analogue de la sensation, qui, se combi-