Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/552

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nant avec une matière plus parfaitement organisée, formait aussi les images psychiques plus parfaites.

Ici l’on peut maintenant préciser le point où les opinions qu’avait alors Ueberweg se séparent du matérialisme. Si l’on suppose les « états internes » de la matière absolument dépendants du mouvement extérieur, et celui-ci indépendant des états internes, on obtient un matérialisme accentué, égal pour le moins ou même supérieur à la théorie atomistique. On n’a pas besoin d’ailleurs, pour rester dans le matérialisme, de renoncer à toute réaction des états internes sur le mouvement de la matière ; il suffit que cette réaction s’effectue d’après des équivalents mécaniques des actions antérieures ; en d’autres termes la loi de la conservation de la force doit être obéie par les organismes comme par le monde inorganique le mouvement de tous les corps doit, avec l’intercalation des états internes, se produire aussi exactement que s’il n’y avait pas d’états internes. Or telle n’était nullement alors l’opinion d’Ueberweg. Il admettait que la loi de la conservation de la force était interrompue par les faits psychiques (27).

Ce qui le forçait d’admettre cette hypothèse, c’était, avant toutes choses, son attachement à la téléologie d’Aristote. Dès qu’Ueberweg y renonça, son système dut nécessairement se transformer en matérialisme. En effet, tant que, dans les organismes, leur idée donne naissance à des forces qui déterminent la forme, cette forme ne peut pas être exclusivement l’œuvre des forces physiques et chimiques. Enfin, dans la pensée humaine, la série des idées est entièrement détachée de toute base physiologique. Les pensées sont, il est vrai, dans un certain sens, des propriétés de la matière cérébrale, mais elles suivent des lois purement logiques et peuvent aboutir à un résultat final qui ne s’explique nullement par les conditions mécaniques du mouvement de la matière. Cette hypothèse aussi est téléologique, en tant que, chez Aristote, le but est en même temps la pensée dirigeante, à