Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/561

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religieux, c’est-à-dire l’antagonisme des conceptions cosmologiques, se compliquera profondément d’oppositions et de guerres politiques (32). »

Trois ans plus tard, à une époque où, sans doute s’était déjà fixée chez Ueberweg sa conception de l’univers, de la troisième période, il m’écrivait, à la date du 31 décembre 1865, à propos de la question religieuse (qui lui tenait plus à cœur que la question sociale) : « Une religion, dans les dogmes de laquelle il n’y a rien qui soit en désaccord avec la science, est, à mes yeux, assurément 1o possible ; 2o nécessaire. Mais, excellent ami, « pour l’amour de Dieu », n’assimilez pas cette proposition à cette autre que la religion elle-même doit se fondre dans la science. La science et la poésie paraîtront, dans la religion pure, toutes deux, nettement séparées et cependant intimement unies. Cette séparation et ce concours remplaceront la fusion primitive qui deviendra insupportable et conduira à l’effroyable dilemme de la stupidité ou de la servile hypocrisie, dans la mesure où la conscience scientifique de l’époque aura dépassé cette phase »… « Je ne prétends pas que, par son essence, la religion doive persister dans l’état d’enfance. Pas d’autre « dogmatique », pas d’autre « catéchisme », que l’enseignement de l’histoire universelle et de l’histoire naturelle exposées avec concision, dirigeant les regards vers l’ensemble, vers l’ordre de l’univers, et couronnant ainsi l’enseignement scolaire. Mais cet enseignement ne convient pas plus à la chaire (universitaire) que celui de la dogmatique comme telle, à la chaire ecclésiastique ; la doctrine ne constitue que la base théorique de la prédication, — le lien qui attache l’âme religieuse à l’orgue et au chant, et, si l’on veut, aux tableaux et aux cérémonies. Toutefois, malgré une séparation absolue, il faut qu’il existe une étroite relation. Ueberweg cherche ensuite à démontrer que la théorie nouvelle doit donner naissance à un nouvel art religieux.