Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/562

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Nous avons donc encore ici la perspective d’un culte tout à fait analogue au culte chrétien. Cette théorie d’évolution, diffère beaucoup de la teneur de la lettre écrite le 28 avril 1869. Ici Ueberweg fait remarquer que les trois fonctions connaissance, sentiment et volonté ne se séparent d’une façon tranchée qu’avec le progrès de l’instruction on voit alors s’avancer de front la science, l’art et la morale, le théorique, l’esthétique et l’éthique. « Dans l’origine, il existe un pêle-mêle germiniforme (ou, pour parler comme Schelling, une « indifférence ») de ces trois fonctions et ce pêlemêle primitif est essentiellement aussi le point où se trouve placée la religion… » « La décomposition, de ce qui est uni dans la religion, en ces trois formes (non la simple interprétation des représentations religieuses comme images esthétiques), serait le progrès désirable, conformément à la maxime de Gœthe : « Qui possède la science et l’art, celui-là a de la religion. Qui ne possède ni l’une ni l’autre, que celui-là ait de la religion. » Ici l’on peut se demander effectivement si Ueberweg, en fait de religion, n’est pas arrivé absolument au même point que Strauss, dont nous allons bientôt examiner les théories.

Un défaut incontestable de cette théorie d’évolution consiste en ce que les éléments théoriques, esthétiques et éthiques, qui doivent se développer au sortir de ce « pêle-mêle germiniforme » de la religion, changent en même temps de qualités et deviennent presque l’opposé de ce qui était contenu dans le germe religieux. Il n’est besoin de rien ajouter à ce qui a été dit, au sujet de l’élément théorique ; quant aux conditions esthétiques et morales, qu’Ueberwegveut imposer à une religion de l’avenir, elles diffèrent beaucoup des principes chrétiens. C’est ce qui ressortit très-nettement de nos nombreux entretiens sur l’avenir de la religion. J’essayai souvent de lui prouver que le christianisme a encore de puissantes racines dans la vie du peuple et que, d’un autre côté, pour des causes psychologiques et sociales, il est im-