Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/575

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de nous nommer chrétiens, ce que nous ne sommes plus.

Après tout ce que nous avons déjà dit, nous n’aurons plus besoin de critiquer en détail ce point de vue (39), d’autant plus que le chapitre final qui va suivre éclairera, encore une fois, d’une pleine lumière notre attitude en face de ces questions. Ce n’est point, en tout cas, l’effet du hasard si deux hommes, aussi richement doués, aussi nobles, si deux natures aussi complètement différentes que Strauss et Ueberweg unissent à leur matérialisme la justification de l’industrialisme moderne, et s’ils remplacent la religion des malheureux et des opprimés par une religion de l’aristocratie privilégiée, qui renonce à toute association, dans l’église, avec la masse de la population. Notre moderne culture est traversée par un courant de matérialisme, qui entraîne tous ceux dont le navire n’est pas solidement ancré. Philosophes et économistes, hommes d’État et industriels s’accordent à faire l’éloge du présent et des résultats qu’il a produits. À l’éloge du temps actuel se joint le culte de la réalité. L’idéal n’est pas côté à la Bourse tout ce qui ne peut se légitimer au point de vue de la science et de l’histoire, est condamné à périr, quand même à ces croyances proscrites se rattacheraient mille plaisirs et joies populaires, pour lesquels on n’a plus de sympathie.

Dans sa « postface-préface », Strauss fait remarquer qu’au fond en voulant unir le matérialisme aux principes des conservateurs politiques, il s’est brouillé avec tous les partis. En cela, il oublie sa propre armée, les « nous », au nom desquels il parle. Après avoir lu ce passage de la postface, je déposai le livre pour un instant, et je feuilletai un journal amusant illustré qui se trouvait par hasard sur ma table. Mon premier regard rencontra la caricature d’un « communiste » ; j’aperçus ensuite une gravure représentant le cabinet de travail de Feuerbach, avec un article biographique sur ce philosophe, article qui ne tarissait pas en éloges. Les rédacteurs de ces journaux savent très-bien ce qu’aime le