Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1879, tome 2.djvu/601

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fluence corruptrice, contre la violence tyrannique d’une hiérarchie perfide qui mine systématiquement la liberté des peuples. Si ces institutions sont éliminées, si le terrorisme de la hiérarchie est brisé, les opinions les plus contraires pourront se mouvoir les unes à côté des autres, sans qu’il en résulte des excès de fanatisme, sans que le progrès continu du génie inventif soit entravé. Il est vrai que ce progrès détruira la crainte superstitieuse, destruction qui, d’ailleurs est déjà en grande partie accomplie, même dans les couches les plus inférieures de la population. Si la religion tombe avec cette crainte superstitieuse, laissons-la tomber ; si elle ne tombe pas, elle le devra à son contenu idéal qui pourra subsister dans cette forme jusqu’à ce que le temps la remplace par une autre. Il n’y aura même pas trop lieu de regretter que le contenu de la religion soit encore regardé comme littéralement vrai par la plupart des fidèles, voire même par une fraction du clergé ; car cette foi littérale, morte et vide de sens, dont l’action est toujours pernicieuse, ne sera plus guère possible, alors que toute contrainte aura disparu.

Si l’ecclésiastique, par l’effet des associations d’idées qui dominent en lui, ne peut représenter l’élément de la vie idéale, dont il est le défenseur, qu’en se le figurant doué d’une vulgaire réalité ; s’il prend comme historique ce qui ne peut avoir qu’une valeur symbolique, il faut le laisser faire, en supposant que, comme prêtre, il remplisse son devoir. Si l’on retire au clergé tout pouvoir temporel, sans même excepter les droits de corporation civile, et si l’on combat sous toutes les formes la constitution d’un État dans l’État, l’arme la plus dangereuse de la théocratie sera brisée. De plus, il faudrait une liberté illimitée d’enseignement, pour la science pure comme pour sa vulgarisation il faudrait aussi qu’il fût permis de critiquer sans obstacle tous les abus, tous les méfaits. L’État a le droit et le devoir, tant que par ses subventions et son pouvoir il continue à soutenir les congrégations religieuses, d’exiger de leurs membres un certain degré de