Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 1, 1909.djvu/10

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nous restons stupéfaits et nous nous demandons comment il a pu survivre à une guerre pareille. Quelques-uns des membres du clergé étaient évidemment sincères mais d’autres ne l’étaient pas, le plus grand nombre agissait par fanatisme et par partisannerie. Il a fallu vraiment à notre population une foi à toute épreuve pour avoir assisté, sans la perdre, au spectacle de tant d’injustices commises au nom d’une religion de paix, de charité et d’apaisement. On pratiquait partout l’ostracisme contre les libéraux : dans les campagnes, ceux qui appartenaient à ce parti fussent-ils les meilleurs citoyens, étaient exclus du banc-d’œuvre aussi bien que des honneurs municipaux. Ils étaient de véritables pestiférés qu’il fallait éloigner de toutes les charges publiques. Bref, c’était le régime de la Terreur Blanche. Et, à qui s’adresser pour obtenir justice ? Les évêques toléraient, quand ils ne les encourageaient pas ouvertement, les excès de langage de ces prêtres ; les juges qui tenaient leur nomination du parti au pouvoir mettaient une coupable complaisance à absoudre ceux qui s’en constituaient les apôtres. La presse conservatrice répandue dans tout le pays défendait tous ces abus.

Que d’hommes de talent, que de bons citoyens ont ainsi été éloignés de l’arène politique par ce fanatisme stupide ! « Tocqueville,