Page:Langevin - La Pensée et l'action, 1950.djvu/273

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A cette époque, Paul Langevin, comme la Ligue elle-même, restait en dehors des partis[1]. C'était alors l'attitude de la plupart des écrivains ou savants progressistes qui pensaient pouvoir mieux conseiller et guider les hommes d'État de la Troisième République en restant au-dessus des luttes politiques, un peu comme les sages qui, suivant la légende, auraient, par leurs avis éclairés, dirigé les sociétés antiques. L'absence d'un mouvement ouvrier uni et fort, capable d'associer les intellectuels à une puissante action de masse[2], la faiblesse des représentants français du socialisme scientifique, contribuaient à la persistance de ces illusions que les événements eux-mêmes devaient plus tard faire peu à peu disparaître.


La grève des transports de

  1. Paul Langevin refusa également d'entrer dans la franc-maçonnerie dont le caractère occulte convenait mal à son tempérament.
  2. Les efforts faits à la fin du XIXème siècle pour unifier les multiples mouvements socialistes français n'avaient pu empêcher en 1900 une nouvelle scission au Congrès de Wagram. L'affaire Dreyfus elle-même avait opposé Jean Jaurès à Jules Guesde, les deux futurs dirigeants du parti unifié. Guesde, en effet, tout en condamnant l'injustice dont était victime Alfred Dreyfus, se refusait à détourner les prolétaires de la défense de leurs propres revendications en faveur d'une cause qui n'était pas celle de l'un des leurs.