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méthodes scientifiques à l’étude des problèmes humains. Il a caractérisé, dans son allocution de mai 1945[1], la longue, la courageuse et glorieuse marche qui l’avait conduit, — en passant des rangs dreyfusards à la Ligue des Droits de l’Homme où il fut depuis 1923 compagnon fidèle de Victor Basch, de la Ligue des Droits de l’Homme à la participation dévouée et convaincue au Front Populaire, — jusqu’à l’affiliation, au Parti Communiste Français, définie par lui-même comme une précision et une confirmation des idées directrices de toute sa vie civique.

Il est caractéristique de l’identité qui, de nos jours, s’établit dans les faits entre la cause de la démocratie et la cause du prolétariat, que la première grande bataille sociale à laquelle Paul Langevin participe après l’affaire Dreyfus, soit déjà une bataille ouvrière à proprement parler.

Lors des grèves grandioses de 1920, que suscitent les souffrances accumulées à la charge des travailleurs par la guerre, par la crise de réadaptation, par les commencements de l’inflation, un mouvement s’affirme pour obliger hypocritement les étudiants à s’enrôler dans les rangs des briseurs de grève : sous prétexte de ne pas causer un retard d’études et un préjudice à ceux d’entre eux qui essaient, au grand dam des usagers, de piloter les tramways et les autobus, on prétend fermer les universités et les grandes écoles pour jeter la jeunesse étudiante dans la bataille aux côtés des hommes des trusts, bon gré mal gré. C’est alors que Paul Langevin, en ce temps directeur d’études à l’École de Physique et Chimie, prend résolument ses responsabilités et écrit au journal d’Anatole France et de Marcel Cachin qui allait devenir l’organe du Parti Communiste, à l’Humanité, la célèbre lettre ouverte de protestation contre ceux qui patronnent le dressage de la jeunesse du Quartier Latin au rôle de troupe de choc contre le peuple.

  1. Reproduite dans Hommage à Langevin, Éditions de l’Union Française Universitaire, 2, rue de l’Élysée, Paris, 8e.