Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dre l’amour raisonné du devoir, ils honoreront les Pitris ; et lorsqu’en punition de leur faute ils descendront dans l’échelle des êtres, ils garderont, grâce à leurs protecteurs et pour prix de leurs anciens mérites, la mémoire du passé dans leurs naissances successives. C’est alors qu’attachés à la loi divine, toujours attentifs à éviter le mal, ils mériteront enfin par leurs œuvres de redevenir Brahmanes. Reprenant cette dévotion qu’ils possédaient dès leur première naissance, ils arriveront de nouveau à la perfection, et obtiendront une demeure éternelle.

Car, n’en doute pas, la science consiste pour toi dans l’accomplissement du devoir ; heureux des exercices de cette piété qui t’identifie avec Dieu, tu posséderas la perfection. Mais cette piété est rare ; quelques sages à peine peuvent y parvenir. Quelquefois même maîtres de ce trésor, ils le perdent, et le vice étouffe la vertu. Les hommes qui se plaisent dans les bonnes œuvres, qui respectent toujours leur maître, qui ne demandent rien de ce qu’ils ne doivent pas obtenir, qui sont les protecteurs de ceux qui les implorent, qui ne méprisent pas les malheureux, qui n’abusent point de l’art de tirer les flèches, qui dans leur repos, leurs promenades, leurs actions, leurs méditations, leurs lectures, ne perdent jamais de vue leur dévotion, qui ne poursuivent pas des richesses mortes, qui s’abstiennent des plaisirs et ne mangent ni viande ni miel, qui ne préfèrent point leurs passions à tout, qui respectent les Brahmanes et aiment les saintes histoires, qui ne sortent point de leurs habitudes calmes et tranquilles, qui ne sont pas trop orgueilleux et n’aiment point les assemblées, voilà les hommes qui arrivent à cette union divine qu’on appelle yoga, et qui s’obtient rarement sur la terre. Doux, vainqueurs de leur colère, exempts d’orgueil et de présomption, tels sont les pénitents qui sont des vases d’élection pour le bonheur suprême. Tels furent autrefois ces Brahmanes : mais se rappelant la faute qu’ils ont commise dans l’excès de leur égarement, livrés à la méditation et à la sainte lecture, concentrés dans le repos, ils obtiendront enfin, n’en doute pas, cet état de tranquillité suprême qui est le bonheur.

Pour toi, tu sais ce qu’il faut faire ; attache-toi à la dévotion ; que ce soit là ton premier devoir, et tu arriveras à la perfection. Rien n’est au-dessus


    parle ; et les Brahmanes existent dans le Couroukchétra, au moment de son discours. Mârcandéya les verra ensuite poursuivre leur carrière et racontera leurs aventures.