Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/124

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Vibhrâdja, ayant cédé le trône à son fils Anouha, donna ses derniers avis à ses sujets, fit ses adieux aux Brahmanes, et se rendit, pour y faire pénitence, sur les bords du lac où il avait vu les sept amis. Là, jeûnant, se contentant de l’air pour toute nourriture, renonçant à toute espèce de désirs, il ne pensait qu’à mortifier son corps. Son but, cependant, était d’obtenir par la force de ses austérités le privilège de devenir le fils de l’un de ces êtres qu’il admirait. L’ardeur de sa pénitence donna bientôt à Vibhrâdja une apparence lumineuse. C’était comme un soleil qui éclairait toute la forêt. Ô fils de Courou, ce bois fut de son nom appelé Vébhrâdja[1], ainsi que le lac, où les quatre oiseaux, constants dans la dévotion, et les trois autres, égarés du bon chemin, abandonnèrent leur dépouille mortelle.

Alors tous de concert, ils se rendirent à Câmpilya ; et là, ces sept âmes nobles et saintes, purifiées par la science, la méditation, la pénitence, instruites dans les Vèdes et les Védângas, subirent une naissance nouvelle. Mais il y en eut quatre seulement qui conservèrent la mémoire du passé ; les trois autres se trouvèrent dans les ténèbres de leur folie.

Soutantra devint fils d’Anouha, et fut le glorieux Brahmadatta : le souhait qu’il avait formé, quand il était oiseau, fut ainsi accompli. Pour Tchitradarsana[2] et Sounétra, ils naquirent dans une famille de Brahmanes[3] : ils furent fils de Bâbhravya et de Vatsa, habiles dans la science des Vèdes et des Védângas, et amis de Bhrahmadatta, comme ils l’avaient été dans ses naissances précédentes. L’un se nomma Pantchâla ou Pântchica : c’était celui qui, dans les diverses transmigrations, avait été le cinquième ; le sixième s’appela alors Candarîtca. Brahmadatta avait été le septième. Pantchâla, savant dans le Rig-véda[4], fut un grand Âtchârya[5] ; Candarîca posséda deux Vèdes, le Sâma et l’Yadjour[6]. Le roi, fils d’Anouha, eut le privilège de connaître la langue de tous les êtres. Il cultiva l’amitié de Pantchâla et de Candarîca. Livrés, comme le commun des

  1. Le Matsya-pourâna met ce bois sur les bords du Mânasa.
  2. Les manuscrits l’appellent ici Tchhidradarsin.
  3. Le mot par lequel on désigne un Brahmane dans ce passage est Srotriya, c’est-à-dire, instruit dans les Vèdes.
  4. Autrement Bahwritcha.
  5. L’Âtchârya est le maître spirituel, qui donne l’instruction et en même temps l'initiation religieuse. Voyez dans la xxe lecture ; ce Pantchâla est le même personnage que Gâlava.
  6. Autrement Tchhandoga et Adhwaryou.