Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/131

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déesses[1] dont les ondes dorées sont le salut de la terre, et c’est pour cela qu’on l’appelle Vidhou[2]. Brahmâ, dans sa sagesse suprême, le fit roi des semences et des plantes, des Brahmanes et des eaux. Soma fut solennellement consacré souverain d’un si puissant domaine, et les trois mondes furent remplis de sa lumière incomparable.

Le fils des Pratchétas, Dakcha, donna au dieu qui préside à la lune ses vingt-sept filles célèbres par leur vertu, et connues sous le nom de Nakchatras.

Soma, le plus illustre de ceux qui distribuent la boisson du sacrifice[3], fut à peine, monté sur le trône, qu’il se disposa à faire la cérémonie du râdjasoûya, pour laquelle cent mille présents étaient préparés. Celui qui y chantait le Rig-véda (Hotri)[4], c’était le divin Atri ; le divin Bhrigou y lisait l’Yadjour (Adhwaryou) ; Hiranyagarbha y récitait les prières du Sâma (Oudgâtri) ; Brahmâ y faisait les fonctions d’officiant (Brahman)[5] ; Hari Nârâyana lui-même y remplissait l’office de directeur suprême (Sadasya), entouré de Sanatcoumâra et des principaux Brahmarchis. Soma donna, dit-on, les trois mondes pour présent à ces Brahmarchis et au dieu qui dirigeait le sacrifice. Il était assisté de neuf déesses, la Veille de la nouvelle lune (Sinî), la Nouvelle lune (Couhoû), la Lumière, la Prospérité, la Splendeur, la Richesse, la Gloire, la Constance et la Fortune (Lakchmî).

Après s’être acquitté de la cérémonie qui complète le sacrifice[6], heureux et chéri de tous les Dévarchis, il brilla parmi les rois dont il était le souverain, étendant sa lumière sur les dix régions du ciel. Mais à peine eut-il obtenu cette domination si difficile à acquérir, et que les Mounis eux-

  1. Ces déesses me semblent être les rivières : voilà pourquoi j’ai parlé de leurs ondes. Mon texte ne portait qu’une épithète हिरण्यवर्णा​ hiranyavarnâ, dont M. Wilson, dans son Dictionnaire, forme un nom qu’il attribue aux rivières.
  2. Cette étymologie du mot Vidhou, ne semble pas d’accord avec celle que donne M. Wilson : il paraît que le poëte regarde ce mot comme composé de वि et de धा.
  3. Cette boisson porte le nom de soma. Il en a été question déjà plusieurs fois.
  4. J’ai conservé à dessein tous ces mots techniques, dont la signification spéciale m’a été fournie par M. Wilson.
  5. Dans les sacrifices solennels, ces fonctions sont toujours remplies par un Brahmane instruit, qui, d’ailleurs, peut être représenté par un paquet de cinquante brins de cousa. Voyez le Mémoire de M. Colebrooke, Rech. Asiat. t. vii, pag. 234.
  6. Ce sacrifice de supplément s’appelle avabritha. Il est fait pour expier les fautes qu’on a pu commettre dans le sacrifice principal.