Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/132

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mêmes avaient sanctionnée de leurs bénédictions, que sa raison se troubla, égarée par l’orgueil. Il enleva la glorieuse épouse de Vrihaspati, nommée Târâ, manquant ainsi au respect qu’il devait au fils d’Angiras. En vain les dieux et les Râdjarchis vinrent-ils le prier de réparer cet affront : il refusa de rendre Târâ. Le précepteur des dieux, Vrihaspati, fut indigné de sa conduite, (et lui déclara[1] la guerre.) Ousanas se mit dans l’arrière-garde du fils d’Angiras ; il avait été le disciple de Vrihaspati, plutôt que de Bhrigou son père. Le dieu Roudra lui-même, par amitié pour son maître outragé, prit le commandement de cette arrière-garde et s’arma de son arc appelé Adjagava. Il lança contre les dieux (partisans de Soma) un trait redoutable nommé Brahmasiras[2], qui abattit tout leur orgueil. Alors se livra ce combat terrible auquel Târâ a donné son nom[3], combat sanglant, également funeste aux Dévas, aux Dêtyas, et aux mondes. Ceux d’entre les dieux qui avaient échappé, et les Touchitas[4] se présentèrent devant Brahma leur protecteur, maître suprême et éternel. Ce dieu arrêta Ousanas et Roudra, et rendit lui-même Târâ au fils d’Angiras. Mais Vrihaspati s’étant aperçu qu’elle était enceinte, lui dit : « Le sein de ma femme ne doit point garder ce fruit. » Aussitôt il la débarrassa avec violence d’un enfant, qui devait un jour être terrible pour ses ennemis, et qui brilla comme un feu qui tombe sur une jonchée de roseaux. À peine était-il né que déjà il avait toute la beauté des dieux. En ce moment les Souras indécis dirent à Târâ : « Déclare la vérité ; de qui est-il fils ? de Soma ou de Vrihaspati ? » À cette question des dieux elle ne répondit rien de satisfaisant : son fils lui-même allait la punir par une imprécation. Brahmâ le retint, et interrogea cette épouse embarrassée : « Târâ, lui dit-il, explique-toi sur la vérité. De qui est ce fils ? » Saluant Brahmâ avec respect, elle répondit au dieu qui répand ses dons sur la terre : « Il est fils de Soma. » Alors Soma, père et protecteur des êtres, embrassant ce noble fils, si grand, si redoutable, « Voilà Boudha[5], » s’écria-t-il, et ce fut là le nom d’un dieu qui devait se distinguer par sa sagesse. Il s’élève dans le ciel d’un côté opposé[6].

  1. Ces mots sont ajoutés pour liaison.
  2. Dans ce sujet tout astronomique, je ne puis pas dire ce que c’est que Brahmasiras, tête de Brahmâ ; il y a une étoile (Capella) qu’on appelle Brahmahridaya, cœur de Brahmâ.
  3. तारकामय​ Târacâmaya.
  4. Nous avons vu ailleurs ce que c’était que les Touchitas. Voyez iiie lect. note 27.
  5. Le mot boudha signifie sage, instruit.
  6. Ces mots expliquent sans doute la position