Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roi, la mère de tes ancêtres. Elle n’avait point d’enfants, et elle en désirait vivement. Livrée à tous les exercices de la piété, elle se soumit pendant dix mille ans[1] à une pénitence sévère, entretenant le feu du sacrifice selon l’usage, ne mangeant qu’une nourriture légère et purifiée, dormant[2] sur le gazon sacré qui avait servi pour les offrandes. Enfin Adjamîdha, usant avec elle des droits d’époux, engendra Rikcha, Dhoumravarna et Soudarsana. Rikcha fut le père de Samvarana ; Samvarana, de Courou, qui soumit le pays au-dessus de Prayâga, et le nomma Couroukchétra[3], terre sacrée, agréable, et habitée par des hommes vertueux. La postérité de Courou fut nombreuse, et ses descendants s’appelèrent Côravas.

Les fils de ce roi furent au nombre de quatre, Soudhanwan, Soudhanous, le puissant Parîkchit et le vaillant Arimédjaya. Soudhanvan donna le jour au sage Souhotra ; Souhotra, à Tchyavana, prince ami de la justice ; Tchyavana, à Gritayadjna, qui aux soins qu’il prit des sacrifices, joignit la connaissance des lois ; Gritayadjna, à un prince fameux[4], aimé d’Indra, héros s’élevant dans les plaines de l’air et planant au-dessus du pays de Tchédi, d’où lui est venu le surnom de Tchédyouparitchara. Son nom était Vasou ; il eut[5] de Giricâ sept enfants : Vrihadratha, qui fut un roi célèbre de Magadha, habile à conduire le char de bataille ; Pratya-

  1. Exagération poétique pour exprimer un temps fort long.
  2. J’ai traduit ainsi littéralement le verbe सुष्वप​. Voy., dans le dictionnaire de M. Wilson, le mot स्थणिडलशाणयिन्. Je me suis rappelé à cette occasion les vers de Virgile, Énéid. l. vii
    Cœsarum ovium, sub nocte silenti,
    Pellibas incubuit stratis somnosque petivit.

    Au reste, cette expression se trouve dans l’épisode extrait du Brahmavêvarta-pourâna, dont M. Stenzler a donné une édition. Mais il la traduit par incidit in mœrorem, lect. i, sl. 31.

  3. C’est la contrée qui environne Dehli.
  4. J’ai traduit par une épithète le mot विस्रुत​ Visrouta, que quelques-uns regardent comme le nom de ce prince. Il est dit, lect. xxx, que Vasou reçut un char volant. On conçoit aisément pour quelle raison on a feint que ce monarque avait le privilège de voler dans l’air : occupant les hautes montagnes d’un pays, il semblait avoir des ailes. Ainsi les Sogdiens, en voyant les soldats d’Alexandre maîtres de leurs rochers, pouvaient croire qu’ils y avaient volé. Alexandre disait à leur chef : Se effecturum ut crederet Macedones etiam volarePennas ait habere milites Alexandri, Quint. Curc. l. vii Voyez plus loin la lecture cxv.
  5. Les grammairiens regardent le verbe जन​ comme n’ayant qu’un sens neutre. Je le trouve dans cette phrase avec un sens actif : जज्ञ. M. Wilson, au mot जनि, traduit जन​ par naître ou porter.