Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/21

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copie du Harivansa, en se conformant d’ailleurs aux règles de la pénitence, il est admis à savourer les doux parfums des pieds de Hari[1], comme l’abeille qui pompe avec délices les sucs du lotus.

Honneur donc à celui qu’on appelle le sixième Maharchi, qui ne voit avant lui que le père commun des êtres, qui fut doué d’un pouvoir merveilleux et sans bornes, à Dwêpâyana, fils unique, avatare partiel de Nârâyana, et dépositaire de la science des Vèdes !

Dans la forêt de Nêmicha, Sônaca, chef d’une famille sacrée, venait d’adorer le premier et le plus puissant des êtres, objet de tant d’hommages et d’honneurs, source de justice, celui dont le nom s’exprime par une seule lettre[2], ce Brahma visible et invisible, orné de formes apparentes et imperceptible aux sens, suprême, ancien, infini, auteur de toutes les créatures, grandes et petites, ce Vichnou, heureux et donnant le bonheur, choisi entre tous, pur de toute souillure, maître du monde animé et inanimé, connu sous les noms de Hrichîkésa et de Hari. Le pieux Mouni adressa la parole au fils de Soûta, habile dans la science des livres saints.

Sônaca dit :

Fils de Soûta, tu nous as raconté la grande histoire des fils de Bharata, et des princes leurs alliés. Tu nous as dit les œuvres vraiment admirables des Dévas et des Dânavas, des Gandharvas, des serpents, des Râkchasas, comme celles des Dêtyas, des Siddhas et des Gouhyacas. Les récits variés où tu nous représentais ces luttes de la puissance et de l’injustice, ces généalogies illustres et renommées, ces hauts faits des anciens ; oui, tous ces récits que nous faisait ta voix harmonieuse, pénétraient par notre oreille jusqu’à notre âme qui les recevait comme une douce ambroisie, et frémissait

  1. Baiser les pieds d’une personne est une marque de respect que le disciple donne à son maître, que le dévot donne à l’image de son dieu. L’Indien, après sa mort, est admis dans le paradis de la divinité qu’il a spécialement adorée, et sa piété doit y être récompensée par la faveur de pouvoir baiser les pieds parfumés de son dieu. Si je ne craignais d’être accusé de vouloir prêter trop d’esprit à mon auteur, je verrais dans ce passage une allusion ingénieuse. Le mot पद (pada) signifie pied et fragment de vers. Celui qui copie le Harivansa, doit nécessairement goûter la douceur des vers de ce poème dont Hari est le héros.
  2. Voyez la note 2, Aum. Le son Aum est représenté en sanscrit par une seule lettre, .