Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous faisons des sacrifices, et que les dieux honorent, dit-on, dans le ciel ? Noble héros, voilà des difficultés sur lesquelles je voudrais avoir des explications. Ô toi qui as tant de savoir, dis-moi comment il est possible que le Srâddha change la destinée des Pitris ?

Bhîchma répondit :

Prince invincible, je vais t’enseigner ce que j’ai pu apprendre ; je te dirai quels sont ces autres Pitris auxquels nous adressons un culte. C’est ce que me révéla un jour mon père, qui était déjà parti pour les mondes intermédiaires. Je célébrais le Srâddha, et je faisais l’offrande du pinda en son honneur. La terre se fendit devant moi, mon père parut, et pour recevoir mon offrande, tendit ses bras chargés d’ornements et couverts de bracelets, ayant, comme je l’avais vu autrefois, ses doigts rougis de la couleur du sandal. « Voilà, disais-je en moi-même, une cérémonie qui n’est point dans le rituel[1] ; et sur le siège de cousa[2] où j’étais en lui donnant le Pinda, je réfléchissais sur cet incident. Mon père, satisfait de ma piété, me dit d’une voix douce : « Ô le meilleur des enfants de Bharata, je suis content de toi. Tu as propagé ma race[3], j’ai obtenu par toi tout ce que je pouvais désirer dans cette vie et dans l’autre ; par toi, mon fils, qui t’es montré homme sage et instruit, fidèlement soumis à la loi. Ferme dans la bonne voie, c’est de moi que tu as appris à suivre constamment dans ce monde la règle du devoir. Si celui qui remplit son devoir recueille un quadruple fruit, l’insensé qui le néglige obtient aussi le fruit de son péché. L’exemple que donne le prince dans l’accomplissement de ses propres obligations est toujours imité par les sujets. Ô noble enfant de Bharata, tu as fait des Vèdes et de leurs lois éternelles la règle de ta conduite ; le bonheur et la gloire de ton père sont incomparables. Pour te témoigner ma joie, je veux te faire un don : vois dans les trois mondes ce qu’il y a de plus difficile

  1. Je rends ainsi le mot कल्प calpa. Bentley l’a entendu dans ce sens, en le traduisant par forme particulière da culte. Voyez le sloka 147 de la iiie lecture des lois de Manou, où se trouve calpa et anoucalpa. Le Calpa est aussi le Védânga qui contient la description des rites religieux. Les chapitres que nous allons traduire portent le titre généram Pitri-calpa.
  2. On appelle cousa, ou darbha, un gazon employé dans les cérémonies religieuses.
  3. Ceci est peu exact : car Bhîchma n’avait point donné de petit-fils à Santanou.