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l’élément historique

Quant au nom d’Arneïs[1], il a eu nécessairement sa raison d’être, mais cette raison je ne la connais pas. Je n’ai trouvé dans l’histoire aucun personnage de ce

  1. Au lieu d’Arneïs, Hernaut se trouve dans les deux meilleures familles de manuscrits ; le manuscrit D seul, qui offre une rédaction postérieure, donne Hernaïs. Mais le changement d’Arneïs en Hernaut était si facile qu’il a pu s’introduire dans deux manuscrits indépendants l’un de l’autre. Les poèmes divers qui font allusion au nôtre donnent le nom d’Ernaïs ou d’Arneïs, avec ou sans H initiale :

    Por l’amor Deu, ja vos corona il
    A vive force, voiant voz enemis,
    Quant il voloient coroner Hernaïs.
    (Moniage Guillaume, Ms. Bibl. nat., fr. 774, f° 217)

    Ici la forme en is est assurée par l’assonance.

    Au vers 171 du Charroi de Nimes l’exemple est moins sûr. Jonckbloet a imprime : Li quens Hernaut, M. Paul Meyer : Quens Hernaïs. Les manuscrits sont en effet divisés ; mais leur classification donne raison à M. Meyer.

    Tous les textes en prose donnent de même Arneïs ou Ernaïs. Je les cite plus loin. En s’y reportant, on constatera que ce n’est pas par leur nombre qu’ils doivent peser dans la balance, car la plupart dérivent d’un même remaniement, qui lui-même descendait d’une rédaction différente de la nôtre.

    D’ailleurs il est constant qu’à une certaine époque il y eut confusion dans la littérature entre les deux noms :

    En Orlenois s’en vatait a Hernaïs,
    Tout li conta de Gerbert le marcis :
    « Las, » dist Hernaus, « or va de mal en pis. »
    (Anseïs fils de Gerbert ; Bib. nat. fr. 4988, f° 1891).

    Dans ce dernier passage la bonne leçon est certainement celle en is, qui dans le premier vers est assurée par la rime, et qui, dans le troisième, peut facilement remplacer l’autre, si l’on supprime l’interjection Las, pour rétablir la mesure.

    Arneïs est un personnage bien connu dans notre plus ancienne poésie. On le trouve notamment dans le cycle des Lorrains.

    Enfin la substitution du nom très répandu d’Hernaut à celui