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ET DE LA LITTÉRATURE ARMÉNIENNE

volter ou de chercher une patrie nouvelle loin des lieux, qui les avaient vus naître. Au moment, où l’émigration arménienne se portait du côté du Taurus et des plaines de la Cilicie, il se produisit en Europe un mouvement vraiment extraordinaire : le désir d’arracher le tombeau du Christ des mains des infidèles fit prendre les armes à l’Europe entière et l’on vit bientôt l’Occident marcher spontanément à la conquête de l’Orient.

Les Arméniens occupaient la Cilicie depuis quelque temps déjà, quand les premières cohortes chrétiennes parurent en Asie-Mineure se dirigeant vers la Syrie. Les Arméniens s’étaient constitués en état indépendant sous le gouvernement des princes de leur nation, dont le premier Roupèn donna même son nom à la dynastie, qui régna sur la Cilicie à l’époque des croisades. Grâce à l’appui, que les Franks trouvèrent chez les Arméniens et grâce aussi aux secours, qui leur furent donnés par les princes du pays, les croisés purent arriver devant Antioche sans trop de difficultés. En récompense des services, qu’il avait rendus aux croisés, Léon prince d’Arménie fut élevé à la dignité royale parmi les Arméniens, et le titre de roi lui fut accordé pour lui et ses successeurs par l’Empereur d’Allemagne et le Saint-Siége.