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de S. Lazare de Venise

souvenir du patron des pauvres malades atteints du fléau, qui, dans l’antiquité et le moyen-âge, désolait aussi bien l’Orient que l’Occident. Quand la lèpre eut disparu d’Afrique et d’Asie, l’île fut abandonnée et n’offrit plus aux regards, que des ruines disparaissant sous d’épais bouquets de verdure, à l’ombre desquels s’abritaient les cabanes de pauvres pécheurs de l’Adriatique.

Cinq siècles plus tard, arrivèrent à Venise, au mois d’avril 1715, douze moines arméniens fuyant devant l’invasion turque en Morée, où ils étaient établis. Leur chef portait le nom de Mékhitar, qui dans la langue arménienne signifie Consolateur. Il était né à Sivas, l’antique Sébaste, en Asie-Mineure, et était l’unique enfant de Pierre et de Charistan arméniens de cette ville. Il fut baptisé sous le nom de Manoug, allusion au nom de l’Enfant-Jésus, dans l’idiome national. De bonne heure, Manoug montra les plus heureuses dispositions : doué d’une rare intelligence et d’un esprit très-actif, il fit très-vite de remarquables progrès d’abord sous la direction de deux religieuses et ensuite des moines de Garmir-Vank (le couvent rouge), auxquels avait été confié le soin de son instruction. Dès l’âge de quinze ans, il reçut