Page:Langlois - Rig Véda.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. IV.]
225
RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

14. Quant à (la vache, nommée) Padya[1], elle revêt toute espèce de forme et, restant debout, elle lèche (doucement) le jeune nourrisson. J’honore par mes chants le lieu où siége Rita. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

15. Au milieu (des airs), comme sur un sol ferme, marchent deux nobles (êtres), l’un secrètement, l’autre à découvert. La route qu’ils suivent leur est commune, et cependant diffère d’apparence. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

16. Allons, pressez les vaches (du sacrifice)[2], ces nourrices chargées de lait, à la mamelle lourde et traînante. Qu’elles soient toujours nouvelles, toujours jeunes. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

17. Quand, au milieu de cet autre troupeau de vaches (célestes), Indra mugit tel qu’un taureau, c’est qu’il jette en leur sein une semence (féconde). Indra est roi, il est le maître des nuits et des jours[3]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

18. Chantons, ô peuples, les excellents chevaux du vaillant (Indra). Les Dévas les connaissent, et dix attelages les ramènent six fois[4]. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

19. Le dieu (qui s’appelle) Twachtri et Savitri revêt toutes les formes. Il enfante comme il embellit diversement les êtres. Tous les mondes lui appartiennent. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

20. C’est lui qui a su appareiller ces deux vases qui forment le monde ; c’est lui qui les a remplis de trésors. Partout est célébré le héros qui possède la richesse. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

21. Il soutient tout, et il daigne habiter près de nous cette terre, comme un roi ami et bienfaisant. Avec lui viennent les vaillants (Marouts), ses gardes fidèles. Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.

22. Ô Indra, la terre produit pour toi ces plantes efficaces et pures, ces eaux, ces trésors. Puissions-nous être tes fortunés amis ! Grande et souveraine est l’énergie des Dieux.




LECTURE QUATRIÈME.

HYMNE I.

Aux Viswadévas, par Pradjapati.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Les magiques artifices (des Asouras) ne sauraient prévaloir contre les œuvres sages, fermes, souveraines des Dieux, ni contre la (grandeur) bienfaisante du Ciel et de la Terre. Les Montagnes (célestes) ne subissent pas (toujours) leur domination.

2. L’être qui brille seul (au ciel), amène constamment le char des six (Ritous) ; pour nourrir ses feux, accourent les Vaches (lumineuses). Avec lui viennent rapidement les trois mondes, disposés les uns au-dessus des autres. (De ces trois mondes) deux sont invisibles, un seul est apparent[5].

3. (Dieu) fécond et possédant toutes les formes, il produit chaque espèce d’êtres. Il presse successivement trois mamelles ; trois fois il répare sa vigueur par les libations[6]. Ceint d’une triple force, il va, plein de grandeur, répandre au loin sa semence (divine), et enfante les (Aurores) perpétuelles.

4. À l’approche de l’Aurore, il s’éveille pour suivre sa voie accoutumée. Moi, j’invoque le beau nom des Adityas. Que les Ondes divines[7] viennent jouer autour du (Dieu), et qu’elles répandent sur lui leurs libations diverses.

  1. Le mot Padyâ, de pada (pied), signifie la louange, l’hymne. Dans le système du poëte, la poésie doit être représentée comme une des vaches qui contribuent à la nourriture et à l’éducation d’Agni. Le commentaire voit encore ici la Terre couverte de toute espèce d’êtres ; il y reconnaît surtout le Foyer. Suivant moi, ce dernier sens arrive trop tard.
  2. Le commentaire entend ce passage des vaches célestes, ou des nuages.
  3. Littéralement il est Bhaga, Aditya qui brille pendant le jour.
  4. Les chevaux d’Indra, ce sont les sacrifices célébrés en son honneur. Il y a six Ritous, ou saisons, qui ramènent les époques de ces sacrifices, et probablement les principaux sont au nombre de dix (dasataya). Je n’ose pas dire que ce nombre de dix a quelques rapports avec les dix points cardinaux ou disas. Voy. page 53, col. 2, note 1 ; page 121, col. 2, note 1.
  5. Les trois mondes sont le ciel, l’air et la terre. La terre seule par sa nature est visible. Le commentateur pense que le poëte a eu l’intention de célébrer dans cet hymne Samvalsara, c’est-à-dire l’année.
  6. Le poëte fait allusion aux trois savanas.
  7. C’est-à-dire les libations.