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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION HUITIÈME.

2. C’est moi, Indra, qui me défendis avec la tête du fils d’Atharwan[1]. En faveur de Trita[2], j’ai fait venir les vaches d’Ahi. J’ai donné la mort aux Dasyous. J’ai livré à Dadhyantch (et) à Mâtariswan les montagnes (célestes).

3. Twachtri a fait pour moi la foudre de fer. Les Dévas ont mis en moi la force. Ma force, comme celle du Soleil, est invincible. Je suis maître et dans le passé et dans l’avenir.

4. Avec mon arme je conquiers pour mon serviteur des milliers de biens, de l’or, des ondes, des vaches, des chevaux, quand je me trouve réjoui par les libations et les hymnes.

5. Je suis Indra, et personne ne peut me vaincre en magnificence. Je ne suis point soumis à la mort. Versez donc la libation en mon honneur, et priez. Les enfants de Poûrou sont mes amis, et je ne vous manquerai pas.

6. Mon bras est ferme : incapable de courber, j’abats les orgueilleux qui s’élèvent contre moi ; je frappe ceux qui provoquent Indra, et qui osent pour le combat se fabriquer un tonnerre.

7. Seul, je renverse un adversaire ; j’en puis vaincre deux. Que pourraient-ils même, trois ensemble ? Sans effort je terrasse de nombreux ennemis. Comment peuvent me blâmer ceux qui ne me connaissent pas ?

8. En faveur des Goungous[3], j’ai donné à Atithigwa[4], pour nourrir son peuple, un aliment formé de la substance de Vritra. C’est alors que je me distinguai par la défaite de cet Asoura, et la mort de Parnaya et de Carandja[5].

9. Namî, fils de Sapa[6] m’a dû l’abondance et le bonheur. (Ô Richis), unissez-vous à moi pour rechercher les Vaches (célestes). J’ai donné de la force à son arme dans les combats, et je l’ai rendu lui-même célèbre et glorieux.

10. (Quand nous combattons), l’un des deux rivaux brille (des feux) de Soma, qui le remplit et le garde ; l’autre apparaît sous les traits (fournis par Dadhyantch)[7]. Celui-ci, qui a osé m’attaquer, moi pareil au taureau à la corne affilée, se trouve enchaîné au sein même de ses ténèbres.

11. Chef (divin) des Adityas, des Vasous, des Roudras, je consolide la demeure des Dévas. Ils m’ont fait pour le bonheur et la force, invincible, invulnérable, indomptable.


HYMNE IV.
À Indra, par Indra.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. (Indra parle.) Je donne à celui qui me chante des biens précieux. Je veux que le sacrifice augmente ma force. J’encourage l’homme pieux ; je triomphe de l’impie dans tous les combats.

2. Je m’appelle Indra ; et tous les dieux, issus du Ciel, de la Terre et de l’Océan (aérien), me soutiennent. Je dirige deux coursiers rapides et généreux, dont les œuvres sont différentes. Pour consolider ma puissance je tiens la foudre.

3. En faveur de Cavi[8], j’ai percé Atca[9] de mes traits. J’ai secouru Coutsa[10], et j’ai fait tomber Souchna sous mes coups, moi qui ne livre pas l’Arya au pouvoir du Dasyou.

4. Tel qu’un père, en faveur de Coutsa qui voulait posséder les Vétasous[11], j’ai vaincu Tougra et Smadibha. J’ai prouvé que j’étais vraiment le roi du sacrificateur, quand je suis venu pour lui, comme pour un fils, abattre ses ennemis.

5. Quand mon serviteur Sroutarwan[12] m’a adressé sa prière, j’ai triomphé pour lui de Mrigaya[13]. En faveur d’Ayou, j’ai soumis Vésa ; en faveur de Savya, j’ai vaincu Patgribhi.

6. C’est moi qui, vainqueur de Vritra, ai brisé l’orgueil de Navavâstwa et de Vrihadratha, qui ressemblaient à deux Vritras. M’attachant à ce Dasyou qui grandissait en s’élargissant, j’ai fait briller la lumière aux extrémités du ciel.

7. Je parcours (le monde), porté rapidement sur les chevaux du Soleil. Quand la libation de Manou m’appelle à prendre le pur (soma), alors sous mes coups je déchire le Dasyou.

  1. Voy. page 92, col. 1, note 1.
  2. Voy. page 104, col. 2, note 3.
  3. Nom du peuple.
  4. Voy. page 73, col. 1, page 75, col 2, et alibi. Le commentaire donne Atithigwa comme père de Divodâsa.
  5. Noms d’Asouras. Voy. page 75, col 2.
  6. Voy. page 318, col. 2.
  7. Ces traits portent le nom d’asthan. Voy. page 92, col. 1, note 1.
  8. Ainsi s’appelle le père d’Ousanas. Le commentaire dit que c’est Ousanas lui-même.
  9. Asoura, dont le nom est synonyme de Vritra.
  10. Nous avons parlé de la légende de Coutsa, page 239, col. 2, note 1 et p. 534, col. 2, note 1. En relisant l’histoire de ce Coutsa, je crains bien d’avoir mal rendu un passage, section VI, lecture ii, hymne iv, st. 25, en disant : Tu as deux fois sauvé Coutsa. Il faut peut-être traduire : Tu as sauvé Coutsa en le doublant.
  11. Suivant le commentaire, c’est un nom propre, il ne donne pas d’autres détails.
  12. Nom d’un Richi.
  13. Asoura.