Page:Langlois - Rig Véda.djvu/570

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
562
[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

amis ces biens qui t’appartiennent dans le monde supérieur, dans le monde inférieur, dans le monde intermédiaire. Que ton corps grandisse, et qu’il porte notre holocauste.

6. Ô Viswacarman, grandis pour l’holocauste, et honore le Ciel et la Terre. Que les autres nations se troublent d’effroi. Que nous trouvions ici pour nous un bienfaiteur magnifique.

7. Appelons aujourd’hui à notre secours, dans cet abondant sacrifice, Viswacarman, maître de la parole (sainte), et rapide comme la pensée. Qu’il se plaise à toutes nos invocations ; que sa sainte protection nous donne le bonheur.


HYMNE XI.
À Viswacarman, par Viswacarman.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le père de ce (grand corps qui) étonne nos yeux, a (d’abord) dans sa sagesse enfanté les Ondes (aériennes), et ensuite le Ciel et la Terre qui les environnent, et qu’il a étendus en les affermissant de tous côtés sur leurs bases antiques.

2. Le grand et sage Viswacarman s’élève lui-même avec splendeur, prêtant à tout sa beauté et sa force[1]. En lui sept Richis ne font qu’un seul être[2] supérieur ; et en son honneur les (prêtres) présentent, avec une (sainte) allégresse, l’offrande et la prière.

3. Celui qui est notre père, qui a engendré et qui contient tous les êtres, connaît chaque monde. (Dieu) unique, il fait les autres Dieux. Tout ce qui existe le reconnaît pour maître.

4. Que ces antiques Richis, comme nos chantres par leurs hymnes, nous procurent la richesse par leurs sacrifices. Ce sont eux qui ont créé tous les êtres, animés et inanimés.

5. Les Ondes ont porté dans leur sein celui qui est supérieur au Ciel et à la Terre, aux Dieux et aux Asouras, celui qui donne la lumière à tous les êtres divins.

6. Oui, les Ondes ont porté dans leur sein celui qui donne la lumière à tous les êtres divins. Sur l’ombilic du (Dieu) incréé[3] reposait un (œuf)[4] dans lequel se trouvaient tous les mondes.

7. Vous connaissez celui qui a fait toutes ces choses ; c’est le même qui est au dedans de vous[5]. Mais à nos yeux tout est couvert comme d’un voile de neige. Nos jugements sont obscurs ; et (les hommes) s’en vont, offrant des holocaustes et chantant des hymnes.


HYMNE XII.
À Manyou[6], par Manyou, fils de Tapas.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Ô Manyou, ô toi qui es le tonnerre, le trait fatal, la puissance, la force, celui qui t’honore mène une vie florissante. Puissions-nous vaincre (notre ennemi), qu’il soit Dasyou ou Arya, avec le secours d’un allié tel que toi, fort, vigoureux et puissant !

2. Oui, Manyou, est un Dieu ! c’est Indra, c’est Varouna, c’est (Agni) le sacrificateur, le possesseur de tous les biens. Les enfants de Manou chantent Manyou. Ô Manyou, compagnon de Tapas[7], conserve-nous.

3. Viens, ô Manyou, plus prompt que la promptitude même, et avec Tapas ton compagnon triomphe de tes ennemis. Frappe tes adversaires ; frappe Vritra et les Dasyous, et apporte-nous Tatous les biens.

4. Ô Manyou, ta force est supérieure. Né de toi-même, tu t’enflammes et domptes tes ennemis. Ton œil est pénétrant, ta vigueur est triomphante. Donne-nous la victoire dans les combats.

5. Ô sage et grand Manyou, j’étais malheureux, et par ta force j’ai échappé à mes (ennemis). J’étais faible, et je t’ai fait passer dans mon propre corps. Viens donc à moi pour relever ma vigueur.

6. Je suis à toi ; viens t’unir à moi, ô (Dieu) fort et solide. Manyou, armé de la foudre, emporte-moi avec toi ; donnons ensemble la mort aux Dasyous. Pense à ton ami.

7. Viens, et sois à ma droite. Donnons ainsi la mort à tous mes ennemis. Je te présente l’of-

  1. Dhâtri et Vidhâtri.
  2. Les sept Richis sont les sept rayons d’Agni personnifiés, et qui ne forment qu’un avec lui. Le commentaire donne ici une explication que je ne comprends pas, et dans laquelle il me semble qu’il regarde ces sept Richis comme sept sens.
  3. Ce dieu s’appelle Adja.
  4. Le texte ne contient pas le mot œuf ; il ne porte que le mot ékam.
  5. C’est-à-dire Agni ou Viswacarman, sous le nom de Djîvaroûpa.
  6. Ainsi est personnifiée la Colère, cette généreuse Colère dont Indra est le fils, dans la st. 10 de l’hymne ii de cette lecture.
  7. L’Ardeur personnifiée.