Page:Langlois - Rig Véda.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[Lect. I.]
51
RIG-VÉDA. ― SECTION PREMIÈRE.

s’élèvent et vont s’asseoir : Agni, viens avec les Marouts.

7. Ils soulèvent et poussent les montagnes (de nuages) au-dessus de l’abîme des mers : Agni, viens avec les Marouts.

8. Ils étendent avec force les rayons à travers l’Océan (céleste) : Agni, viens avec les Marouts.

9. À toi cette première libation ; je t’offre la douce boisson du soma : Agni, viens avec les Marouts.




LECTURE DEUXIÈME.

HYMNE I.

Aux Ribhous[1], par Médhatithi.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. En l’honneur d’une race divine, la bouche des prêtres chante cet hymne, qui doit provoquer la généreuse reconnaissance (de ces dieux).

2. Ce sont eux dont la pensée a créé les chevaux radieux d’Indra, ces chevaux que la voix suffit pour atteler à son char ; ils ont entouré le sacrifice de cérémonies (saintes).

3. Ils ont construit pour les véridiques Aswins un char fortuné qui fait le tour (du monde) ; ils ont produit la vache qui donne le lait.

4. Les Ribhous, puissants par leurs prières et par leur justice, ont rendu à la jeunesse leur père et leur mère.

5. Ces libations s’adressent à vous et à Indra qu’accompagnent les Marouts, ainsi qu’aux brillants Adityas.

6. Ce sont les Ribhous qui ont divisé en quatre parties la coupe encore nouvelle du divin Twachtri[2].

7. Avec nos louanges, recevez, pour en tenir compte au religieux (père de famille), trois genres d’offrandes dans sept sacrifices différents[3].

8. Chargés de (nos sacrifices), (les Ribhous) ont vécu en persévérant dans le bien, et ont obtenu une part du sacrifice offert aux dieux.


HYMNE II.

À Indra et à Agni, par Médhatithi.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. J’appelle ici Indra et Agni ; nous désirons qu’ils soient célébrés, (et qu’ils acceptent) nos libations, ces dieux jaloux de nos offrandes.

2. Mortels, chantez dans vos sacrifices Indra et Agni ; ornez-les de vos louanges. Qu’ils soient exaltés dans vos hymnes.

3. À la voix d’un ami qui vous loue et vous invoque, venez, Indra et Agni, goûter de notre soma.

4. À ces libations ici préparées nous invitons ces (dieux) redoutables : qu’Indra et Agni s’approchent.

5. (Divinités) puissantes, Indra et Agni, vous qui présidez à nos assemblées (pieuses), domptez les Râkchasas ; empêchez ces êtres voraces de se multiplier[4].

6. Donnez-nous cette assurance. Veillez au loin du haut du ciel ; Indra et Agni, accordez-nous le bonheur.


HYMNE III.

À divers dieux, par Médhatithi.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Éveille les Aswins alliés au Matin[5] ; qu’ils viennent ici goûter de notre soma.

  1. Les Ribhous forment une classe de divinités. Suivant l’opinion de M. Nève, ce seraient d’anciens mortels élevés au rang des dieux. Fils de Soudhanwan, de la race d’Angiras, ils sont au nombre de trois : Ribhou, Vibhwan et Vâdja. Il est à croire qu’ils établirent des cérémonies religieuses, et changèrent quelques-uns des anciens usages. Peut-être fondèrent-ils une espèce de culte en l’honneur des rayons du soleil, avec lequel on les a personnifiés en leur qualité de dieux. La légende leur attribue d’avoir ressuscité une vache (c’est-à-dire le sacrifice), d’avoir rendu la jeunesse à leurs deux vieux parents (c’est-à-dire d’avoir ramené le sacrifice du matin, qui redonne la vie au ciel et à la terre), d’avoir fait des chevaux pour Indra, un char pour les Aswiris (c’est-à-dire d’avoir célébré des sacrifices en leur honneur), enfin d’avoir divisé en quatre parties la coupe de Twachtri (c’est-à-dire d’avoir établi quatre libations au lieu d’une). Je croirais que les Ribhous ne sont pas d’anciens Richis divinisés, mais que ce sont les rites eux-mêmes, les cérémonies déifiées. J’avoue que les hypothèses sont choses trop faciles, surtout avec l’instrument philologique ; j’en donnerai un exemple que me fournit le nom même des Ribhous. La grammaire nous apprend d’abord comment la voyelle ri se métamorphose en ar : ensuite la consonne bh, pour la valeur du son, correspond à ph ou f. Il résulte, de ces deux faits, que Ribhous se convertit tout naturellement en Arphous ; et ce mot rappelle aussitôt le nom d’Orphée, prêtre et poëte, qui a présidé à l’antique civilisation grecque.
  2. La coupe de bois du sacrifice, appelée tchamasa.
  3. Ou bien trois fois sept offrandes différentes. À l’occasion de ce vers, le commentateur explique que, dans le vase du sacrifice, il y a trois espèces d’offrandes, qu’il qualifie d’offrandes supérieures, d’offrandes du milieu, d’offrandes inférieures. Il distingue aussi trois classes (varga) de sacrifices : les haviryadjnas, les pâcayadjnas, les somasansthânas. Il cite des sacrifices appartenant à chacune de ces trois classes, sacrifices dans lesquels les Ribhous étaient probablement invoqués. Ailleurs, il dit qu’il y a sept offrandes appelées hotrâ, et accompagnées de l’exclamation vachat.
  4. Les Râkchasas, comme les Harpies, souillent et dévorent les mets des sacrifices.
  5. Le commentateur parle d’une étoile, Savanagraha, qui avertit que le moment des libations est venu.