Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/14

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que les livres sur la Philosophie de l’histoire. Les spécialistes les dédaignent. Il résumait une opinion très répandue, le savant qui, à ce que l’on raconte, disait : « Vous voulez écrire un livre sur la Philologie ; faites-nous donc plutôt un bon ouvrage de Philologie. Moi, quand on me demande : Qu’est-ce que la Philologie ? je réponds : C’est ce que je fais[1]. » Il ne croyait dire, et il ne disait en effet qu’un lieu commun, le critique qui, à propos du Précis de la science de l’histoire de J. G. Droysen, s’exprimait ainsi : « En thèse générale, les traités de ce genre sont forcément à la fois obscurs et inutiles : obscurs, puisqu’il n’est rien de plus vague que leur objet ; inutiles, puisqu’on peut être historien sans se préoccuper des principes de la méthodologie historique qu’ils ont la prétention d’exposer[2]. » — Les arguments de ces contempteurs de la méthodologie paraissent assez forts. Ils se ramènent aux propositions suivantes. En fait, il y a des gens qui pratiquent manifestement les bonnes méthodes et qui sont reconnus par tout le monde comme des érudits ou comme des historiens de premier ordre, sans avoir jamais étudié les principes de la méthode ; réciproquement, on ne voit pas que ceux qui ont

  1. Revue critique d’histoire et de littérature, 1892, I, p. 164.
  2. Ibidem, 1888, II, p. 295. — Cf. le Moyen Âge, X (1897), p. 91 : « Ces livres-là [les traités de méthode historique] ne sont guère lus de ceux auxquels ils pourraient être utiles, c’est-à-dire les amateurs qui occupent leurs loisirs à faire des recherches historiques ; et quant aux érudits de profession, c’est aux leçons des maîtres qu’ils ont appris à connaître les instruments de travail et la manière de s’en servir, sans compter que la méthode historique est la même que celle des autres sciences d’observation, et qu’on peut dire en quelques mots en quoi elle consiste… »