Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/15

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écrit en logiciens sur la théorie de la méthode historique aient acquis, de ce chef, comme érudits ou comme historiens, une supériorité quelconque : quelques-uns même sont notoirement des érudits ou des historiens tout à fait impuissants ou médiocres. À cela, rien d’étonnant. Est-ce que, avant de faire en chimie, en mathématiques, dans les sciences proprement dites, des recherches originales, on étudie la théorie des méthodes qui servent dans ces sciences ? La critique historique ! mais le meilleur moyen de l’apprendre, c’est de la pratiquer ; on l’apprend suffisamment en la pratiquant[1]. Pressez, d’ailleurs, les écrits qui existent sur la méthode historique, et même les plus récents, ceux de J. G. Droysen, de E. A. Freeman, de A. Tardif, de U. Chevalier, etc. : vous n’en extrairez, en fait d’idées claires, que des vérités évidentes par elles-mêmes, des vérités de La Palice[2].

  1. C’est sans doute en vertu de ce principe que la méthode historique s’enseigne seulement par l’exemple, que L. Mariani a plaisamment intitulé « Corso pratico di metodologia della storia » une dissertation sur un point particulier de l’histoire de la ville de Fermo. Voir l’Archivio della Società romana di storia patria, XIII (1890), p. 211.
  2. Voir le compte rendu de l’opuscule de E. A. Freeman, The methods of historical study, dans la Revue critique, 1887, I, p. 376. Cet opuscule, dit le critique, est banal et vide. On y voit « que l’histoire n’est pas une étude aussi aisée qu’un vain peuple pense, qu’elle touche à toutes les sciences et que l’historien vraiment digne de ce nom devrait tout savoir ; que la certitude historique est impossible à obtenir, et que, pour s’en rapprocher le plus possible, il faut recourir sans cesse aux sources originales ; qu’il faut connaître et pratiquer les meilleurs parmi les historiens modernes, mais sans jamais tenir ce qu’ils ont écrit pour parole d’évangile. Et voilà tout. » Conclusion : Freeman « enseignait mieux sans doute la méthode historique par la pratique qu’il n’a réussi à le faire par la théorie ».
       Comparer Bouvard et Pécuchet, par G. Flaubert. Il s’agit