Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur le document et sur l’auteur, avec la préoccupation de chercher les conditions qui ont pu agir sur la production du document : l’époque, le lieu, le but, les péripéties de la composition, — la condition sociale, la patrie, le parti, la secte ou la famille, les intérêts, les passions, les préjugés, les habitudes de langue, les procédés de travail, les moyens d’information, la culture, les facultés ou les défauts d’esprit de l’auteur, — la nature et la forme de la transmission des faits. Tous ces renseignements, on les trouve préparés par la critique de provenance ; on les rassemble en suivant mentalement son questionnaire critique général ; mais on doit se les assimiler d’avance, car on aura besoin de les avoir présents à l’esprit pendant toute la durée des opérations.

Ainsi préparé, on aborde le document. À mesure qu’on le lit, on analyse mentalement, détruisant toutes les combinaisons de l’auteur, écartant toutes ses formes littéraires, pour arriver au fait que l’on doit se formuler en langue simple et précise. On s’affranchit par là du respect artistique et de la soumission aux idées de l’auteur, qui rendraient la critique impossible.

Le document ainsi analysé se résout en une longue suite de conceptions de l’auteur et d’affirmations sur les faits.

Sur chacune des affirmations on se demande s’il y a eu des chances de mensonge ou d’erreur ou des chances exceptionnelles de sincérité ou d’exactitude, en suivant le questionnaire critique dressé pour les cas particuliers. Ce questionnaire, on doit l’avoir toujours présent à l’esprit. Il paraîtra d’abord encombrant, peut-être même pédantesque ; mais comme on l’appliquera plus de cent fois sur une seule page de document, il