Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/301

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tion. — Il faut d’autre part que les auteurs de synthèses partielles (monographies) qui sont destinées à servir de matériaux à des synthèses plus vastes, s’accordent à travailler d’après la même méthode, de sorte que les résultats de chacun puissent être, sans enquêtes préalables, utilisés par les autres. — Il faut enfin que des travailleurs expérimentés, renonçant aux recherches personnelles, consacrent tout leur temps à étudier ces synthèses partielles, afin de les combiner d’une façon scientifique en des constructions générales. — Et si de ces travaux ressortaient avec évidence des conclusions sur la nature et les causes de l’évolution des sociétés, on aurait constitué une « philosophie de l’histoire » vraiment scientifique, que les historiens pourraient avouer comme le couronnement légitime de la science historique.

On peut penser qu’un jour viendra où, grâce à l’organisation du travail, tous les documents auront été découverts, purifiés et mis en ordre, et tous les faits dont la trace n’a pas été effacée, établis. — Ce jour-là l’histoire sera constituée, mais elle ne sera pas fixée : elle continuera à se modifier à mesure que l’étude directe des sociétés actuelles, en devenant plus scientifique, fera mieux comprendre les phénomènes sociaux et leur évolution ; car les idées nouvelles qu’on acquerra sans doute de la nature, des causes, de l’importance relative des faits sociaux continueront à transformer l’image qu’on se fera des sociétés et des événements du passé[1].

II. C’est une illusion surannée de croire que l’histoire fournit des enseignements pratiques pour la con-

  1. Il a été question plus haut de la part de subjectivité qu’il n’est pas possible d’éliminer de la construction historique, et dont on a tant abusé pour dénier à l’histoire un caractère scientifique : cette part de subjectivité qui attristait Pécuchet (G. Flau-