Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/77

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habiles et consciencieux ; ils transcrivaient souvent des textes qu’ils ne comprenaient point ou qu’ils comprenaient mal, et il n’a pas toujours été de mode, comme au temps de la Renaissance carolingienne, de collationner les manuscrits[1]. Si nos livres imprimés, après les revisions successives de l’auteur et du prote, sont des reproductions imparfaites, il faut s’attendre à ce que les documents anciens, copiés et recopiés pendant des siècles avec peu de soin, au risque d’altérations nouvelles à chaque transmission, nous soient parvenus sous une forme extrêmement incorrecte.

Dès lors, une précaution s’impose : avant de se servir d’un document, savoir si le texte de ce document est « bon », c’est-à-dire aussi conforme que possible au manuscrit autographe de l’auteur ; et lorsque le texte est « mauvais », l’améliorer. Agir autrement est dangereux. En utilisant un mauvais texte, c’est-à-dire un texte corrompu par la tradition, on risque d’attribuer à l’auteur ce qui est du fait des copistes. Des théories ont été en effet bâties sur des passages viciés par des erreurs de transcription, qui sont tombées à plat, en bloc, lorsque le texte original de ces passages a été découvert ou restitué. Toutes les « coquilles » typographiques, toutes les fautes de copie ne sont pas indifférentes ou simplement ridicules : il en est d’insidieuses, propres à tromper les lecteurs[2].

On croirait volontiers que les historiens estimés se

  1. Sur les habitudes des copistes du moyen âge, par l’intermédiaire desquels la plupart des œuvres littéraires de l’antiquité sont parvenues jusqu’à nous, voir les renseignements réunis par W. Wattenbach, Das Schriftwesen im Mittelalter 3, Berlin, 1896, in-8.
  2. Voir par exemple, les Coquilles lexicographiques qui ont été recueillies par A. Thomas, dans la Romania, XX (1891), p. 464 et suiv.