Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/85

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rité. Supposer cela, c’est commettre une faute de jugement ; car si dix-sept des dix-huit exemplaires qui donnent la leçon a ont été copiés sur le dix-huitième, la leçon a n’est en réalité attestée qu’une fois ; et la seule question est de savoir si elle est, intrinsèquement, moins bonne ou meilleure que la leçon b.

Il a été reconnu que le seul parti rationnel est de déterminer d’abord les rapports des copies entre elles. — On part, à cet effet, d’un postulat incontestable, savoir : toutes les copies qui contiennent, aux mêmes endroits, les mêmes fautes, ont été faites les unes sur les autres ou dérivent toutes d’une copie où ces fautes existaient. Il n’est pas croyable, en effet, que plusieurs copistes aient commis, en reproduisant chacun de son côté l’archétype exempt de fautes, exactement les mêmes erreurs : l’identité des erreurs atteste une communauté d’origine. — On éliminera sans scrupule tous les exemplaires dérivés d’une copie qui a été conservée : ils n’ont évidemment que la valeur de cette copie, leur source commune ; ils n’en diffèrent, s’ils en diffèrent, que par des fautes supplémentaires ; ce serait perdre son temps que d’en relever les variantes. — Cela fait, on n’est plus en présence que de copies indépendantes, prises directement sur l’archétype, ou de copies dérivées dont la source (une copie prise directement sur l’archétype) est perdue. — Pour classer les copies dérivées en familles dont chacune représente, avec plus ou moins de pureté, la même tradition, on recourt encore à la méthode de la comparaison des fautes. Elle permet ordinairement de dresser sans trop de peine un tableau généalogique complet (stemma codicum) des exemplaires conservés, qui met très clairement en relief leur importance relative. — Ce n’est pas ici le lieu d’examiner les espèces difficiles où, par