Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/92

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John Peckham, n’est peut-être d’aucun de ces auteurs, et il n’est certainement pas du premier. D’insignes pauvretés ont été affublées, sans l’ombre d’une preuve, dans les plus célèbres musées d’Italie, du glorieux nom de Léonard. D’autre part, il est très vrai que Victor Hugo est l’auteur des Châtiments. — Concluons que les indications les plus formelles de provenance ne sont jamais suffisantes par elles-mêmes. Ce ne sont que des présomptions, fortes ou faibles : très fortes, en général, quand il s’agit de documents modernes, souvent très faibles quand il s’agit de documents anciens. Il en est de postiches, collées sur des œuvres insignifiantes pour en rehausser la valeur, ou sur des œuvres considérables pour glorifier quelqu’un, ou bien avec l’intention de mystifier la postérité, ou pour cent autres motifs, qu’il est aisé d’imaginer et dont on a dressé la liste[1] : la littérature « pseudépigraphe » de l’antiquité et du moyen âge est énorme. Il y a en outre des documents entièrement « faux » ; les faussaires qui les ont fabriqués les ont, naturellement, munis d’indications très précises de leur provenance supposée. — Donc il faut contrôler. — Mais comment ? — On contrôle la provenance apparente des documents, lorsqu’elle est suspecte, par la méthode même qui sert à déterminer, autant que possible, celle des documents dépourvus de toute indication d’origine. Les procédés sont les mêmes dans les deux cas, qu’il n’est pas nécessaire, par conséquent, de distinguer davantage.

I. Le principal instrument de la critique de provenance est l’analyse interne du document considéré,

  1. F. Blass a énuméré les principaux de ces motifs, au sujet de la littérature pseudépigraphe de l’antiquité. (o. c., p. 269 et suiv.)