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CHAPITRE V

LE ROMAN


1. Gustave Flaubert : sa place entre le romantisme et le naturalisme. Objectivité, impersonnalité, impassibilité de l’œuvre. — 2. Romanciers naturalistes : M. Zola. Prétentions scientifiques, tempérament romantique. Puissance descriptive. — 3. MM. de Goncourt : naturalisme, nervosité, impressionnisme. M. Alphonse Daudet : sensibilité et sympathie dans l’effort pour atteindre l’expression objective. Le peintre des humbles. Vastes tableaux de mœurs. Guy de Maupassant : un vrai, complet, pur réaliste. — 4. Hors du naturalisme : M. P. Bourget : le roman psychologique et analytique. Pierre Loti : le roman subjectif, pittoresque et sentimental.

Le genre dominateur de la littérature, entre 1850 et 1890, a été le roman, comme, dans la première moitié du siècle, la poésie lyrique. Et ce déplacement de la supériorité est à lui seul le signe d’une nouvelle orientation littéraire : par définition, le lyrisme est l’expression du moi, et le roman doit être la perception du non-moi.

1. GUSTAVE FLAUBERT.

Entre les deux écoles romantique et naturaliste se place Gustave Flaubert, qui procède de l’une et fonde l’autre, corrigeant l’une par l’autre, et mêlant en lui les qualités de toutes les deux : d’où vient précisément la perfection de son œuvre. Au moment unique où le romantisme devient naturalisme, Flaubert écrit deux ou trois romans qui sont les plus solides qu’on ait faits en ce siècle[1].

  1. Biographie : G. Flaubert (1821-1880), né à Rouen, fils d’un chirurgien, passa la plus grande partie de sa vie à sa propriété de Croisset, près de Rouen. Il était grand travailleur : très bourgeois d’habitudes et de vie pratique, avec sa haine romantique du bourgeois.
    Éditions : Charpentier, 11 vol. in-18 (Corresp. avec G. Sand, 1 vol. ; Corresp. Générale, 4 vol.) ; Lemerre, 10 vol. in-16 (9 vol. de Romans ; 1 vol. de Théâtre). Quantin, 8 vol. in-16. La première Tentation de Saint-Antoine, p. p. L. Bertrandi, 1908. — À consulter : Notices de G. de Maupassant et de Mme  Commanville, en tête des deux recueils de Correspondance. Max. Du Camp, Souvenirs littéraires, 2 vol. in-18. P Bourget, Essais de