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la littérature en formation.

sont venus les Scandinaves avec leur Ibsen[1], et leur Bjœrnson[2]. L’Allemagne nous a envoyé le romancier Sudermann[3] et le dramaturge Hauptmann[4], sans parler de son apocalyptique Nietzsche[5] ; l’Italie, d’Annunzio[6] et Fogazzaro[7]. Nous nous sommes même avisés qu’une renaissance du roman s’opérait dans la léthargique Espagne, et les noms de Pereda, de Perez Galdos, de Pardo Bazan[8], de Blasco Ibanez, ne nous sont pas inconnus. Puis une incarnation de l’âme anglaise, combien différente de celle que nous offrait George Eliot, s’est manifestée à nous par le romancier impérialiste, Rudyard Kipling[9], et du côté de la Russie, derrière le vieux Tolstoï, s’est levé le jeune Gorki[10], pendant

    et la Paix, 1872, tr. 1880 et 1885 ; Anna Karénine, 1877, tr. 1885 ; Ma religion, tr. 1885 ; les Cosaques, souvenirs de Sébastopol, tr. 1887, ; la Puissance des ténèbres, drame, tr. 1887 ; Souvenirs, tr. 1887 ; la Sonate à Kreutzer, tr. 1890 ; Qu’est-ce que l’art ? tr. 1898 ; Résurrection (3 parties), tr. 1900. — À consulter : Melchior de Vogüé, le Roman russe ; E. Dupuy, les Grands Maîtres de la littérature russe au xixe siècle.

  1. Henrik Ibsen (né en 1828) : les Revenants ; Maison de Poupée ; le Canard sauvage ; Rosmersholm ; Hedda Gabler : voilà les cinq pièces supérieures ; la Dame de la Mer, Un Ennemi du peuple, Solness le Constructeur ; le Petit Eyolf ; Jean Gabriel Borkmann ; Quand nous nous réveillerons d’entre les morts, œuvres plus inégales, avec des parties de premier ordre ; Empereur et Galiléen, les Prétendants à la couronne ; les Guerriers à Helgoland ; les Soutiens de la société ; l’Union des Jeunes ; la Comédie de l’Amour, œuvres de jeunesse, ou de tâtonnement, ou manquées ; Brand et Peer Gynt, deux poèmes puissants en forme dramatique : le second délicieux parfois de fantaisie ironique. En tout 12 vol. in-18 de 1889 à 1900. — À consulter : A. Ehrhard, H. Ibsen et le Théâtre contemporain ; J. Lemaître, Impressions de théâtre ; G. Larroumet, Nouvelles études de littérature et d’art, 1894.
  2. Bjœrnstierne Bjœrnson : les Voies de Dieu, roman. Drames ou comédies : le Roi ; le Journaliste ; Un Gant ; et les chefs-d’œuvre : Une Faillite, 1893 ; Au delà des forces humaines, 2 parties, tr. 1896 et 1897. — On avait commencé dès 1880 à traduire cet auteur en français.
  3. Sudermann : la Femme en gris, tr. 1895 ; l’Indestructible Passé (es war), tr. 1897. Drame : Magda.
  4. Gérard Hauplmaun. Ames solitaires, tr. 1893 ; l’Assomption de Hannele Mattern, tr. 1894 ; la Cloche engloutie, tr. 1898. L’œuvre qui a fait la plus profonde sensation est un drame social, les Tisserands, 1893.
  5. Nietzsche : A travers l’œuvre de Nietzsche, 1893 ; Ainsi parlait Zarathoustra, 1898 ; Humain, trop humain, 1er partie, tr. 1899 ; le Crépuscule des Idoles ; le Cas Wagner ; 1893 ; Nietzsche contre Wagner ; Par delà le bien et le mal, 1898 ; Pages choisies, tr, 1899 ; Aphorismes, 1899 ; Généalogie de la morale, 1900.
  6. Gabriel d’Annunzio, l’Intrus, tr. 1893 ; Épiscopo et Cie, tr. 1895 ; Enfant de Volupté (il Piacere), tr. 1895 ; le Triomphe de la Mort, tr. 1896 ; les Romans du Lys ; les Vierges aux rochers, tr. 1897 ; le Feu, tr. 1900. Tragédie : la Ville morte, 1898.
  7. Fogazzaro : Daniel Cortis, tr. 1896 ; Un petit monde d’autrefois, tr. 1897. — Et puis nous est venue Mathilde Serao avec ses tableaux de mœurs napolitaines.
  8. Cf. René Bazin, Terre d’Espagne, 1895. — Sotileza, de Pereda, a eu les honneurs d’une traduction dans la Révue des Deux Mondes, et Pequeñeces, du P. Coloma, adapté en 1893 sous le titre de Bagatelles, a fait un certain bruit.
  9. Rudyard Kipling, le Livre de la Jungle, tr. 1899 ; la Lumière qui s’éteint, tr. 1900.
  10. Maxime Gorki : Voyez la Révue de Paris, 1900.