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littérature dramatique.

il est soumis aux mêmes conditions, et s’organise sur le même modèle. Les comédiens de profession n’apparaissent guère avant le xvie siècle, et mêlés aux comédiens amateurs et volontaires : il faut venir au milieu du siècle pour trouver des troupes organisées, comme celle de ce « Jacques Laugerot, joueur d’histoires et de moralités », qui fait ses engagements, le 8 mars 1552, devant un notaire de Draguignan. Au xve siècle, les représentations profanes sont, elles aussi, données par des bourgeois momentanément associés, et l’on voit par exemple cinq ou six artisans passer contrat par-devant notaire pour monter ensemble une moralité qui leur plaît. Mais surtout, par toute la France, il existe des sociétés, des corporations de toute sorte, sérieuses ou facétieuses, amies des exhibitions, cortèges et spectacles où fleurissent à la fois la poésie et la médisance : les unes se vouent aux processions et aux mascarades, d’autres cultivent la chanson, d’autres, plus ou moins accidentellement ou régulièrement, jouent des scènes dialoguées, et divers genres de pièces. Il y en a deux à Paris, qui se sont fait une tradition et comme un privilège de représenter des œuvres profanes et comiques. Ce sont les basochiens et les Enfants sans souci.

La Basoche était la corporation des clercs de procureurs au parlement de Paris : les clercs de procureurs au Châtelet en formaient une autre, soumise à la première ; les clercs de procureurs à la Cour des Comptes nommaient leur association l’Empire de Galilée. Nombre de villes, Orléans, Lyon, Poitiers, Toulouse, avaient leur basoche. La grande basoche de Paris, dès le début du xvie siècle, était un corps considérable, ayant ses armes, son roi, son chancelier, jugeant ses membres, frappant monnaie, tenant ses réunions générales deux ou trois fois l’an, et surtout vers le mois de juin ou juillet, faisant sa montre solennelle où elle défilait devant son roi, donnait aubades et sérénades aux présidents et conseillers du parlement, à grand fracas de tambours, hautbois et timbales. La basoche donnait des mystères mimés. Elle donnait des représentations dramatiques, non sans obstacle toujours ni sans péril. Souvent la cour, souvent le Parlement réprimèrent la verve insolente des basochiens : le poète Henri

    mées séparément en format d’agenda. Les pièces datées sont de 1542 à 1548. L’éditeur, quand il est nommé, est en général B. Chaussard, à Lyon. Recueil de Copenhague, Lyon, 1619. Recueil de U. Rousset, Paris, 1612. — Éditions : Ancien Théâtre français Bibl. elzév.), t. I-III : c’est le recueil du British Museum. Recueil de farces, etc., par Le Roux de Lincy et F. Michel, Paris, Techener, 1837, 4 vol. in-8. Recueil Picot et Nyrop, Paris, 1880, in-16 : c’est le recueil de Copenhague. E. Fournier, le Théâtre français avant la Renaissance, Paris, gr. in-8, 1872.

    À consulter : Petit de Julleville, les trois ouvr. cités au chap, précéd., p. 194. Picot, la Sottie en France, Romania, t. VII, p. 238 ; les Moralités politiques, Bull, de la Soc. du Protest, fr., t. XXXVI.