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CHAPITRE III

COMÉDIE ET DRAME


1. Le théâtre de Marivaux : fantaisie poétique, analyse psychologique. — 2. Destouches : la comédie morale. La sensibilité dans le public et au théâtre. La Chaussée et la comédie larmoyante. Diderot et la théorie du drame. — 3. Comédie italienne et théâtres de la Foire : le réalisme de l’opéra-comique. — 4. Comédie de genre : satire des mœurs mondaines. Essais de polémique philosophique et de satire aristophanesque.

La comédie du xviiie siècle est supérieure à la tragédie : elle nous fournit deux talents éminents et singuliers, Marivaux et Beaumarchais ; et elle nous présente un grand fait, la naissance du drame.

1. LA COMÉDIE DE MARIVAUX.

L’œuvre de Marivaux[1]est unique dans l’histoire de notre théâtre. Elle est exactement correspondante pour le goût

  1. Biographie : Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, né à Paris en 1688. Il se lie avec Fontenelle, fréquente chez Mme de Tencin et Mme de Lambert. Il débute par de mauvais romans en 1713. En 1720 il aborde le théâtre. Il fait une tragédie, Annibal, après l’échec de laquelle il donne aux Italiens son Arlequin poli par l’amour (1720). Puis viennent : la Surprise de l’amour, 1702 ; le Jeu de l’amour et du hasard, 1734 ; les Fausses Confidences, 1737 ; l’Épreuve, 1740, aux Italiens ; le Legs, 1736, à la Comédie-Française. Il fut ruiné par le système de Law, et tenta de publier des journaux d’observation morale, le Spectateur français, 1722-23 ; l’Indigent philosophe, 1728 ; le Cabinet du philosophe, 1734. La Vie de Marianne parut de 1731 à 1741, le Paysan parvenu de 1735 à 1736. Sur la fin de sa vie il fréquenta chez Mme du Deffand et Mme Geoffrin. Il mourut le 12 février 1763.
    Éditions : (cf. la bibliographie de Larroumet, p. 596-620), Œuvres complètes de