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LIVRE II

L’ÉPOQUE ROMANTIQUE

CHAPITRE I

POLÉMISTES ET ORATEURS

1815-1851
1. Polémistes et pamphlétaires : Joseph de Maistre ; Paul-Louis Courier ; Lamennais ; P.-J. Proudhon. — 2. Orateurs parlementaires : B. Constant ; Royer-Collard ; Guizot ; Thiers ; Berryer ; Lamartine. — 3. Orateurs universitaires : Guizot ; Cousin ; Jouffroy ; Villemain ; Quinet et Michelet. — 4. Orateurs religieux : Lacordaire.

Il s’est trouvé au xviiie siècle que les plus grands noms de l’histoire littéraire sont en général aussi les plus considérables dans l’histoire des idées. Cette concordance ne se rencontre plus au xixe siècle. La littérature n’atteint qu’incidemment les grands courants d’idées, par quelques orateurs, polémistes et penseurs ; et les hommes en qui s’est rencontré le talent littéraire, n’ont souvent pas été — tant s’en faut — les intelligences directrices du siècle. En philosophie, il nous faut prendre Cousin, et laisser Maine de Biran ; surtout il nous faut écarter la plus puissante et, en tout cas, la plus féconde pensée philosophique de ce demi-siècle : je parle d’Auguste Comte ; et quelque fâcheux sort a voulu que l’école positiviste ne fournît aucun écrivain. Dans les sciences politiques et sociales, Saint-Simon et l’école saint-simonienne restent également en dehors de notre étude, avec toutes les sectes communistes, à l’extrémité seulement desquelles le capricieux hasard a placé un beau tempérament littéraire, dans le théoricien de l’anarchie, P.-J. Proudhon. Pour la politique même et le gouvernement, ni les plus hauts esprits, ni les volontés les plus efficaces n’ont été