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VIII
PRÉFACE

de certains critiques. Mais ils ne sauraient changer la réalité, qui est que la connaissance littéraire aujourd’hui ne peut exister sans un exercice critique et une base historique. Le plus pur lettré même, s’il a un peu le goût de la précision, aime à voir le rapport de ses impressions aux faits positifs du développement de la langue et du mouvement des idées ou de la société. Il demande qu’on lui indique les éditions et les travaux qui pourront l’y aider.

Je n’ai pas l’habitude d’employer dans mes préfaces la vieille formule : « Excusez les fautes de l’auteur. » Qui publie, s’expose à la critique et reconnaît le droit de la critique : il est puéril de demander pardon d’avance. Cependant je suis bien tenté aujourd’hui de ne pas garder mon altitude habituelle.

Le travail purement bibliographique que je présente ne correspond tout à fait ni à mon éducation littéraire ni à mon goût qui me portent plutôt vers l’étude historique des faits et l’analyse esthétique des textes. Pourquoi donc l’ai-je fait ! Parce que personne ne le faisait, et qu’il fallait enfin que cela fût fait ? Parce que je suis professeur, et tenu de fournir à mes élèves la meilleure préparation que je conçois. Parce que, cet outil créé, il sera facile, à d’autres ou à moi, de l’améliorer.

Je suis d’une génération à qui d’excellents maîtres n’ont pourtant pas appris à travailler. Nous avons dû, mes camarades et moi, tout en enseignant, tout en produisant, nous faire peu à peu une méthode, une information, un outillage. Je voudrais, s’il se peut, épargner aux jeunes gens les tâtonnements dont j’ai souffert. Je voudrais les faire partir sans peine du point où je suis laborieusement arrivé. Et voilà pourquoi, réflexion faite, je ne leur demande pas d’excuser mes fautes : je serai content même qu’ils les remarquent. Ce sera la preuve du progrès de nos études, la preuve que les hommes de ma génération n’ont pas, après tout, perdu leur peine.

Je dois dire un mot en particulier sur l’établissement du quatrième fascicule.

J’y ai largement profité de l’aide que m’offraient le répertoire de Lorenz, avec ses précieuses Tables, le Manuel de G. Vicaire, et le Journal de la Librairie. L’ouvrage de M. Tourneux m’a été très utile pour la période révolutionnaire et impériale.

J’ai dû, pour réduire l’énormité de la matière dans les limites d’un volume raisonnable, faire de nombreux sacrifices dont nul lecteur n’aura plus de regrets que moi : qu’on veuille bien songer qu’il s’agissait de faire tenir en cinq cents pages la bibliographie