Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/101

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tenue, on est comme rempli de crainte ; lorsqu’on l’a perdue, on est comme rempli de crainte.

C’est pourquoi l’on dit : il redoute la gloire comme l’ignominie (4).

Qu’entend-on par ces mots : son corps lui pèse comme une grande calamité ?

Si nous éprouvons de grandes calamités, c’est parce que nous avons un corps.

Quand nous n’avons plus de corps (quand nous nous sommes dégagés de notre corps), quelles calamités pourrions-nous éprouver ?

C’est pourquoi (5), lorsqu’un homme redoute de gouverner lui-même l’empire, on peut lui confier l’empire ; lorsqu’il a regret (6) de gouverner l’empire, on peut lui remettre le soin de l’empire.


NOTES.


(1) J’ai construit avec C : king-tchong-jo-king-jo 驚寵若驚辱.


(2) C, G : Au lieu de koueï-ta-hoan-jo-chin 貴大患若身 il faut construire : koueï-chin-jo-ta-hoan 貴身若大貴.

H : Ce chapitre montre les maux auxquels on s’expose en recherchant la gloire et le profit. Lao-tseu veut apprendre aux hommes à estimer le Tao et à s’oublier eux-mêmes, afin de se dégager des liens qui les enchaînent.

Sou-tseu-yeou : Dans l’antiquité, les hommes éminents redoutaient la gloire autant que l’ignominie, parce qu’ils savaient que la gloire n’est que le précurseur de l’ignominie. Ils supportaient difficilement