Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/109

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Comme on ne pouvait les connaître, je m’efforcerai de donner une idée (de ce qu’ils étaient). Ils étaient timides comme celui qui traverse un torrent en hiver (2).

Ils étaient irrésolus comme celui qui craint d’être aperçu de ses voisins (3).

Ils étaient graves (4) comme un étranger (en présence de l’hôte).

Ils s’effaçaient comme la glace qui se fond (5).

Ils étaient rudes (6) comme le bois non-travaillé.

Ils étaient vides (7) comme une vallée.

Ils étaient troubles (8) comme une eau limoneuse (9).

Qui est-ce qui sait apaiser peu à peu (10) le trouble (de son cœur) en le laissant reposer ?

Qui est-ce qui sait naître peu à peu (à la vie spirituelle) par un calme prolongé (11) ?

Celui qui conserve ce Tao ne désire pas d’être plein (12).

Il n’est pas plein (de lui-même), c’est pourquoi il garde ses défauts (apparents), et ne désire pas (d’être jugé) parfait.


NOTES


(1) B : Ceux qui cultivent aujourd’hui le Tao se montrent au grand jour, et ne craignent rien tant que d’être inconnus des hommes. Mais, dans l’antiquité, ceux qui cultivaient le Tao (c’est le sens que Ifouen-tse donne ici au mot sse ) agissaient tout autrement. Ils (E) s’identifiaient avec le Tao, c’est pourquoi ils étaient déliés et subtils, abstraits et pénétrants. Ils étaient tellement profonds qu’on ne pouvait les connaître ; comme on ne pouvait les connaître, il serait impossible de les dépeindre fidèlement. Je m’efforcerai de