Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/152

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(9) A : Il est tellement élevé que rien n’est au-dessus de lui ; il enveloppe le monde et ne voit rien en dehors de lui. C’est pourquoi je l’appelle grand.


(10) B : De l’idée de grand je passe à une autre idée pour le chercher, et je l’appelle fugace. A : Il n’est point comme le ciel qui reste constamment en haut, ni comme la terre qui reste constamment en bas. Il vous échappe et s’enfuit toujours, sans rester constamment dans le même lieu.


(11) B : De l’idée de fugace, je passe à une autre idée pour le chercher, et je l’appelle éloigné. En effet, plus on le cherche et plus il paraît éloigné. (C) Il ne connaît aucune limite.

Pour bien traduire le mot youen , on aurait besoin d’un adjectif français signifiant qui s’éloigne, qui va au loin, comme les adjectifs grecs teleporos, makroporos.


(12) Le mot fan signifie littéralement qui revient. La langue française n’a point d’adjectif correspondant. On rendrait d’une manière heureuse l’idée de Lao-tseu, s’il était permis d’emprunter au grec l’épithète palindrome (palindromos).

C : Il revient dans le palais de l’intelligence (dans l’homme) et s’y enfonce de plus en plus. Après avoir fait le tour du monde, il le recommence ; après s’être éloigné immensément, il se rapproche. Il revient, et il suffit de le chercher dans le cœur de l’homme.

E : Lao-tseu change souvent les mots dont il se sert. Il montre par là que la vertu du Tao est sans bornes, et qu’une multitude de mots ne suffit pas pour l’exprimer complètement.

Ibidem : Le Tao est la mère de l’univers, il nourrit également tous les êtres, et le ciel et la terre l’aident par la vertu combinée du principe in « femelle, » et du principe yang mâle. » Voilà pourquoi ces trois choses sont grandes. Quoique ces trois choses