Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/164

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Les sages, qui savent que la roideur et la force ne peuvent durer, aiment à conserver leur souplesse et leur faiblesse (c’est-à-dire persévèrent à vouloir paraître souples et faibles) ; ils savent que les lumières éclatantes ne peuvent se conserver, et ils aiment à garder les ténèbres (c’est-à-dire à paraître constamment enveloppés de ténèbres) ; ils savent que les honneurs et la gloire ne peuvent se conserver, et ils aiment à rester dans l’humiliation et rabaissement. Mais parce qu’ils se sont mis après les autres hommes, ceux-ci les placent avant eux ; parce qu’ils se sont abaissés, les hommes les élèvent. Aussi l’univers vient se soumettre à eux (de même que les eaux se précipitent vers les vallées) ; l’univers les prend pour modèles.


(2) E : Les mots tchang-te 長徳, « vertu constante, » désignent la souplesse et la faiblesse, les ténèbres et l’obscurité (de l’esprit), l’abaissement et l’avilissement ; certes ce sont des qualités qui durent constamment.


(3) Les mots ing-eul 嬰兒, « l’état d’enfant, » désignent ici la simplicité primitive.

E : Cette simplicité native, cette pureté sans bornes, l’homme les avait reçues dès l’origine, c’est-à-dire au moment de sa naissance. C’est pourquoi Lao-tse dit qu’on doit y revenir (lorsqu’on s’en est éloigné).


(4) A : Quoique l’homme se sache éclairé, il doit conserver ses lumières en paraissant ignorant et comme enveloppé de ténèbres (de même qu’un homme riche conserve ses richesses en paraissant pauvre et dénué de tout).


(5) A explique le mot tch’ang, « constant, » dans le sens adverbial : Si l’homme peut être le modèle de l’empire, la vertu restera constamment en lui et ne lui fera pas défaut.

D’après la position des mots, j’ai mieux aimé rendre le mot tch’ang adjectivement. (Voyez la note 2.)