Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/184

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périt promptement ; celui qui la conserve subsiste longtemps. S’il en est ainsi des êtres, à plus forte raison du cœur. Ne point s’écarter de la pureté, c’est ce que Lao-tseu appelle pou-chi-khi-so 不失其所, c’est-à-dire, « ne point perdre sa nature. »


(5) Ce passage difficile a beaucoup embarrassé les commentateurs. Je rapporterai les principales interprétations qu’il a reçues.

C pense que le mot sse « mourir » s’applique à la mort du corps, et pou-wang 不亡 « ne pas périr » à l’immortalité de l’esprit (de l’âme). Il s’appuie du passage suivant de l’ouvrage intitulé Tan-king : « Le cœur meurt, mais l’esprit (l’âme) vit toujours. L'âme sensitive s’éteint, mais l’âme spirituelle conserve sa lumière. »

Nong-sse : Les expressions pou-hoa 不化 « ne point se transformer » du philosophe Lie-tseu, pou-sse [] « ne pas mourir » du philosophe Tchouang-tseu, pou-mie 不滅 « ne pas s’éteindre » des Bouddhistes, ont absolument le même sens. Le corps humain est comme l’enveloppe d’une cigale ou la dépouille d’un serpent. Nous n’y faisons qu’un séjour passager. Or, lorsque la peau de la cigale est desséchée, la cigale n’est pas encore morte ; lorsque l’enveloppe du serpent est décomposée (littéral. « putréfiée » ), le serpent n’est pas encore mort.

E : La vie animale se dissipe, mais l’âme subsiste toujours.

Sou-tseu-yeou : Malgré les grands changements qu’on appelle la vie et la mort, sa nature (la nature du sage) conserve sa pureté et ne périt point. C’est ainsi que les hommes parfaits de l’antiquité ont pu échapper aux changements de la vie et de la mort.

Li-si-tchaï : Le sage regarde la vie et la mort comme le matin et le soir. 11 existe et ne tient pas à la vie ; il meurt et ne périt pas. C’est là ce qu’on appelle la longévité.